Alors que le pays est en proie à la pire sécheresse des 70 dernières années, les technologies censées déclencher les précipitations suscitent un regain d’intérêt. Leur utilisation reste toutefois controversée.
Ensemencer les nuages… la pluie sur commande?
Alors que le pays est en proie à la pire sécheresse des 70 dernières années, les technologies censées déclencher les précipitations suscitent un regain d’intérêt. Massivement employées par certains pays, leur utilisation reste toutefois controversée.
Si les techniques ont radicalement évolué depuis les premières danses de la pluie, pas sûr en revanche que leur efficacité ait beaucoup augmenté. Pour Graciela Binimelis, du Centre des sciences de l'atmosphère de l'Université autonome de Mexico, le largage de produits chimiques dans l’atmosphère reste trop incertain:
La méthodologie n'a pas fait ses preuves. L'investissement effectué ne donne aucun résultat démontrant que l’ensemencement augmente les précipitations.
La technique utilisée consiste à localiser un type de nuages particulier, à l'intérieur desquels sera dispersée une poudre d’iodure d’argent. Le bombardement peut être effectué grâce à un petit avion, ou directement depuis le sol à l'aide de fusées ou de générateurs. L’iodure d’argent provoque une cristallisation de l’eau en flocons de neige, qui vont croître jusqu'à atteindre le poids nécessaire à leur précipitation sous forme de pluie à une altitude inférieure.
Des effets inconnus
Déjà employée dans le sud des États-Unis, en Argentine, au Chili, en Espagne et en Chine, cette technique crée une polémique en raison du manque de données concernant les éventuelles conséquences des produits chimiques utilisés.
D'autres, comme Gustavo Dietz, un capitaine d’aviation ayant déjà effectué ce type de vol dans le nord du pays, voient en elle une solution à la sécheresse :
Si elle est employée de façon ininterrompue, avec le soutien logistique nécessaire, un personnel spécialisé et des avions adaptés avant la saison des pluies, les résultats seront positifs.
Gary Walker, de la société Just Clouds basée au Texas, abonde dans ce sens:
Les nuages ensemencés correctement durent plus longtemps et couvrent de plus grandes surfaces.
Au Mexique, où la sécheresse sévit actuellement sur plus de la moitié du territoire et menace sérieusement la production agricole, on compte au moins neuf entreprises spécialisées dans ce type d'opération.
Des pluies plus intenses, mais plus courtes
Entre 1996 et 1999, un épisode de sécheresse survenue dans l'état de Coahuila avait donné lieu à un programme expérimental mené en partenariat avec le Centre national d'investigation atmosphérique (NCAR) américain. L'expérience s'était intéressée à 94 nuages, dont 43 avaient été ensemencés avec un mélange de produits chimiques, censés attirer et absorber la vapeur d'eau environnante pour créer rapidement des gouttes d'eau assez lourde pour tomber. Les analyses avaient alors conclu à un effet positif sur les quantités de pluies provoquées lors des tempêtes.
Ces résultats se heurtent toutefois à d'autres études plus récentes menées au Mexique, en Inde, en Thaïlande et en Afrique du Sud. L’American Meteorological Society affirme que les derniers travaux ne permettent pas de démontrer que ces technologies augmentent les précipitations. Selon Graciela Binimelis, l'ensemencement provoque surtout une modification de la manière dont il pleut. Les pluies sont plus intenses mais plus courtes, il n'y a pas de véritable augmentation de la pluviométrie à long terme.