Énergies renouvelables : le monde franchit les 40 % d’électricité bas carbone

Le think tank Ember publiait, le 8 avril, sa sixième Global Electricity Review : un pavé dans la mare du mix énergétique mondial. Pour la première fois depuis les années 1940, les sources bas carbone, renouvelables et nucléaire confondus, ont couvert 40,9 % de la production d’électricité mondiale en 2024. Ce cap symbolique pourrait faire croire à une transition bien entamée. Mais est-ce vraiment le cas ?

Par Stéphanie Haerts Modifié le 10 avril 2025 à 11 h 40
Énergies renouvelables : le monde franchit les 40 % d’électricité bas carbone

Derrière cette progression, un moteur clair, les énergies renouvelables, avec une performance historique. D’après Ember, « les énergies renouvelables ont enregistré une production record de 858 TWh, marquant une augmentation de 49 % par rapport au précédent record de 2022 ». Ce bond spectaculaire est en grande partie dû à l’essor du solaire.

L’énergie solaire, ce géant discret devenu hégémonique

Depuis vingt ans, le solaire caracole en tête des sources à la croissance la plus vive. En 2024, il a ajouté à lui seul 474 TWh, soit une hausse de 29 % sur un an, atteignant une production mondiale dépassant les 2 000 TWh. Toujours selon Ember : « L’énergie solaire est devenue le moteur de la transition énergétique mondiale », peut-on lire sur le site Sain et Naturel.

Porté par des coûts en chute libre, des technologies matures et des politiques incitatives, le solaire incarne aujourd’hui une réponse concrète à la demande électrique sans cesse en hausse. Cette explosion du photovoltaïque ne s’est toutefois pas faite en vase clos. L’éolien a consolidé sa place avec 8,1 % de la production mondiale d’électricité, tandis que l’hydroélectricité reste stable à 14 %, représentant toujours la première source renouvelable en volume. Mais dans le match des courbes ascendantes, c’est bien le solaire qui écrase la concurrence.

Une poussée asiatique sans équivalent

Le basculement est aussi géographique. La moitié de l’augmentation solaire mondiale en 2024 est attribuée à la Chine, qui à elle seule a assuré 81 % de la hausse de sa propre demande électrique via des sources bas carbone. L’Inde, de son côté, a doublé sa capacité solaire par rapport à 2023.

Selon le professeur Xunpeng Shi, président de l’ISETS : « La Chine et l’Inde, au cœur de la transition énergétique, redéfiniront le secteur énergétique mondial avec leur dépendance croissante aux énergies renouvelables », peut-on lire sur Sain et Naturel. Une telle dynamique confirme un basculement géopolitique de l’innovation énergétique, plaçant l’Asie au centre du jeu, au détriment d’un Occident souvent paralysé par ses conflits d’intérêts ou son inconstance réglementaire.

Fossiles et climats extrêmes : la résistance est encore vive

Mais tout n’est pas rose. La demande mondiale d’électricité a bondi de 4 % en 2024, en partie à cause des vagues de chaleur qui ont représenté 0,7 % de cette hausse. En conséquence, les énergies fossiles ont légèrement augmenté, de 1,4 %, dopant les émissions mondiales du secteur électrique de 1,6 %.

Sans cet effet climatique, la hausse du fossile aurait été limitée à 0,2 %. Phil MacDonald le résume avec cynisme : « Le réchauffement climatique a stimulé la production d’énergie fossile en 2024, mais il est très peu probable que nous assistions à une hausse similaire en 2025 ». Une manière ironique de rappeler que le climat est à la fois le moteur et la victime de la frénésie énergétique.

Technologies émergentes et avenir incertain

L’augmentation de la demande électrique ne vient pas que des canicules. Les centres de données, véhicules électriques, pompes à chaleur et autres gadgets affamés en kilowatts expliquent aussi cette progression. Ces usages ont ajouté 0,7 % à la demande mondiale en 2024, soit le double d’il y a cinq ans.

Une dynamique qui ne devrait pas s’inverser. Mais la bonne nouvelle, selon Ember, c’est que la croissance attendue de l’électricité bas carbone sera suffisante pour couvrir une demande mondiale en hausse de 4,1 % par an jusqu’en 2030. Si cette tendance se confirme, la production fossile pourrait amorcer un recul structurel. Rêve ou réalité ?

Rédactrice dans la finance et l'économie depuis 2010. Après un Master en Journalisme, Stéphanie a travaillé pour un courtier en ligne à Londres où elle présentait un point bourse journalier sur LCI. Elle rejoint l'équipe d'Économie Matin en 2019, où elle écrit sur des sujets liés à la consommation, la finance, les technologies, l'énergie et l'éducation.

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