La France ne dispose toujours pas de stratégie énergétique, et elle n'a toujours pas d'objectif concernant la réduction de ses émissions de carbone. Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé une nouvelle grande consultation auprès des Français sur ces sujets, le vendredi 15 mars 2024.
Une seconde consultation sur la stratégie énergétique et climatique de la France
Le Premier ministre, Gabriel Attal, a annoncé le vendredi 15 mars 2024 le lancement d'une nouvelle grande consultation sur la stratégie énergétique et climatique de la France. Cette démarche sera supervisée par la Commission nationale du débat public (CNDP) et vise à recueillir l'avis des Français sur la programmation pluriannuelle de l'énergie (PPE) et la stratégie nationale bas carbone (SNBC). Il s'agit de la deuxième consultation lancée par le gouvernement, la dernière ayant été initiée par l'ex-Première ministre, Élisabeth Borne, en 2022. Le gouvernement semble par conséquent ne pas avoir pris en compte ses résultats qui, bien que n'ayant pas été rendus publics, leur ont été délivrés au mois de novembre 2023. A contrario, les objectifs concernant la réduction des émissions de carbone et de production par énergie ont été supprimés du projet de loi initial en janvier 2024.
Le gouvernement peine à donner une direction énergétique et climatique à la France, le projet de loi sur l'énergie ayant pour but de fixer ses objectifs à l'horizon 2030-2035. La division au sein de l'Assemblée nationale n'aide pas, la droite étant largement favorable à l'énergie nucléaire et la gauche aux énergies renouvelables. Conséquence : le gouvernement ne dispose pas de majorité pour porter son projet de loi sur l'énergie. « Empêché, le gouvernement procrastine et s'emploie à repousser le problème. Mais on n'en finit plus de débattre… Maintenant, il faut décider ! » s'agace Yves Brechet, ancien haut commissaire au nucléaire. Même son de cloche du côté des acteurs du secteur des énergies renouvelables : « S'ils ont la trouille de ne pas pouvoir faire voter leurs textes, qu'ils le disent ! Mais qu'ils arrêtent de nous faire perdre notre temps. »
Bruxelles s'impatiente
Il n'y a pas que les acteurs français qui s'impatientent, Bruxelles aussi. L'Union européenne, dans son ensemble, et suite à l'Accord de Paris, s'est en effet engagée à atteindre un minimum de 40 % de sa production d'énergie issue des sources renouvelables d'ici 2030, afin de réduire ses émissions de gaz à effet de serre. Pour la France, notamment du fait de ses capacités énergétiques, l'objectif fixé par la Commission européenne est encore plus élevé : 44 % de sa consommation finale d'énergie est censé provenir de sources renouvelables à la même échéance. Malgré ces ambitions clairement définies au niveau européen, la France peine à se positionner de manière convaincante auprès de Bruxelles. En 2020, la part des énergies renouvelables représentait environ 19 % de la consommation finale brute d'énergie en France, un chiffre nettement inférieur à celui de certains de ses voisins européens, comme par exemple l'Allemagne (40 %) ou l'Espagne (42 %).
Pour autant, et grâce au plan de relance de la filière nucléaire lancé par Emmanuel Macron, la France a réussi à maintenir sa production d'électricité à partir de l'énergie atomique. Elle a même battu des records d'exportation en janvier 2024, tandis que l'Allemagne a été contrainte, du fait de l'intermittence des énergies renouvelables, à importer de l'électricité. Au vu de l'annonce de cette nouvelle grande consultation, le gouvernement ne semble toujours pas prêt à choisir entre le nucléaire et les énergies renouvelables. Les élections européennes approchant, il préfère remettre cette décision à plus tard. Le projet de loi sur l'énergie, qui devait être présenté en février 2024, ne figure d'ailleurs toujours pas dans le calendrier de l'Assemblée nationale.