Le think tank et centre de recherche sur l'énergie Ember vient de publier son dernier rapport : l'année 2023 s'est avérée être une année record pour la production d'électricité propre, une victoire largement imputable à deux sources renouvelables : le solaire et l'éolien.
Plus d'un tiers de la production d'électricité mondiale était propre en 2023
Dans son dernier rapport, le centre de recherche Ember indique que la part des énergies renouvelables dans la production mondiale d'électricité a enfin franchi le seuil des 30% (30,3%) en 2023, contre 29,4% en 2022. La Chine tient la plus grosse part de responsabilité : elle a produit près de la moitié de l'électricité d'origine solaire et 60% de celle qui provient des éoliennes.
Le solaire et l'éolien ont été les moteurs principaux de cette augmentation. Ces sources d'énergie ont produit à elles seules 13,4% de l'électricité mondiale (le reste provenant de l'hydroélectricité) en 2023. Pour rappel, ces dernières ne représentaient que 0,2% de la production d'électricité mondiale en 2000, et 2% en 2010 ! David Jones, directeur du programme Global Insights chez Ember, n'a pas caché son enthousiasme : « L'énergie solaire progresse plus vite qu'on ne l’aurait imaginé », et ajoute, « la montée en capacité que nous avons observée cette année montre que nous pouvons atteindre les objectifs de renouvelables fixés pour 2030 (60%), notamment le triplement de la capacité envisagé lors de la COP28. »
« Le déclin des émissions du secteur électrique est désormais inévitable »
Bien que les progrès soient significatifs, des défis importants demeurent. Comme le souligne en effet le rapport d'Ember, les variations climatiques et les politiques énergétiques nationales vont influencer l'atteinte de ces objectifs. Le centre de recherche sur l'énergie prend notamment l'exemple des sécheresses qui ont forcé le Mexique et plusieurs pays asiatiques à se tourner vers le charbon pour pallier le manque d'hydroélectricité, ainsi que de l'arrêt de la filière nucléaire allemande qui a contraint nos voisins outre-Rhin à relancer plusieurs de leurs centrales à charbon en raison de la crise énergétique.
Ember prévoit que les émissions du secteur électrique pourraient voir une baisse d'environ 4 % en 2024 si les tendances actuelles se poursuivent, c'est-à-dire si les réservoirs des centrales hydroélectriques se remplissent et si les pays continuent d'investir et de soutenir les énergies renouvelables. « Le déclin des émissions du secteur électrique est désormais inévitable. 2023 était probablement le point pivot, un tournant dans l’histoire de l’énergie. Pour autant, le rythme des baisses d’émissions dépendra de la rapidité avec laquelle la révolution des renouvelables se poursuivra », conclut David Jones, qui appelle ainsi les pays à intensifier leurs efforts, en particulier dans les pays en voie de développement qui ont un fort potentiel, notamment en Afrique.