La France fait face à une situation alarmante concernant la gestion de son eau potable. L'association Intercommunalités de France a publié une carte, mardi 20 mars 2024, qui révèle que près de 200 collectivités perdent la moitié de leur eau potable en raison des fuites. Tirée d'une étude approfondie, cette carte montre l'ampleur du gaspillage de cet or bleu, qui tend à devenir un enjeu majeur pour la France face aux sécheresses qui tendent à s'intensifier.
198 services d'eau potable en situation critique
Selon la carte de l'association Intercommunalités de France, 198 services d'eau potable sont affectés par des fuites représentant au moins 50 % de l'eau potable acheminée, autrement dit, cela concerne 18 % des collectivités françaises. Parmi ces « points noirs », certains, comme la commune d'Astet en Ardèche, voient 91 % de cette ressource disparaître dans la nature avant d'atteindre les robinets. « Une situation aberrante qu'on doit corriger en urgence », avait déjà déclaré Emmanuel Macron en 2023, reconnaissant l'ampleur du problème.
Le retard dans le renouvellement des infrastructures est criant. À l'échelle nationale, les fuites représentent 20 % des pertes en eau potable. Cette situation alarmante prend une dimension encore plus critique dans les communes isolées, notamment dans les Pyrénées-Orientale, où la gestion de l'eau devient un casse-tête à la fois technique et financier pour les collectivités. Régis Banquet, vice-président en charge de l'eau à l'Intercommunalité de France, souligne : « Il faudrait renouveler les canalisations tous les 50 ans, or on les renouvelle tous les 120 à 140 ans actuellement ».
Un enjeu majeur au vu du dérèglement climatique
Pourquoi aucune action ne semble avoir été engagée plus tôt ? À cause du coût que représentent la rénovation - reconstruction, des canalisations pour les collectivités. Comme le souligne Banquet, « la prise de conscience est récente » sur l'enjeu lié à l'eau potable. Elle découle en grande partie du fait des effets du dérèglement climatique, notamment des sécheresses.
Le plan eau annoncé par le gouvernement prévoit de débloquer 53 millions d'euros pour aider les 170 communes classées prioritaires en 2023. C'est un premier pas, mais qui semble néanmoins insuffisant. Et pour cause, comme le précise Régis Banquet, le coût peut atteindre 1 million d'euros pour un seul kilomètre de canalisation. L'action doit être immédiate et à la hauteur des enjeux.