L’eau est au cœur des défis environnementaux et économiques de demain. Entre sécheresses répétées, pics de consommation estivaux et tensions entre usagers, la gestion de cette ressource devient une priorité.
La demande en eau en France en 2050 : trois scénarios possibles
Par Stéphanie Haerts
Modifié le 20 janvier 2025 à 15 h 43
En 2023, à la demande de la Première ministre, Elisabeth Borne, France Stragégie a mené une étude approfondie sur l'avenir de la consommation d'eau en France. Trois scénarios ont été envisagés, chacun reflétant une stratégie différente face aux enjeux climatiques et sociétaux.
Un scénario de continuité : une adaptation en douceur
Dans ce premier scénario « tendancielle », la consommation d'eau augmente légèrement (+1 %). La demande agricole reste soutenue, notamment pour l'irrigation des cultures sensibles à la sécheresse, comme le maïs et la vigne. Les industries adaptent progressivement leurs usages. Le secteur énergétique, fortement dépendant de l'eau, mise sur des technologies plus efficaces pour maintenir sa production.
Malgré des ajustements, cette approche pourrait ne pas suffire à prévenir les crises hydriques. Les épisodes de canicule et de sécheresse extrême pourraient mettre à mal les équilibres locaux, en particulier dans les régions déjà sous tension comme le sud de la France. Sans mesures drastiques, le risque de conflits entre usages (agriculture, industrie, consommation domestique) demeure.
dans la configuration climatique la plus défavorable étudiée, en pourcentage, source : France Stratégie.
Une régulation publique pour une consommation plus sobre
Ce scénario « politiques publiques » mise sur une intervention active de l'État pour encadrer les prélèvements d'eau. Les collectivités locales renforcent leurs politiques de réduction des fuites et d'optimisation des réseaux. Les agriculteurs sont accompagnés vers des cultures moins gourmandes en eau, et l'usage des eaux usées traitées devient une pratique courante pour l'irrigation.
Cette approche permettrait de réduire de 24 % les prélèvements d'ici 2050. Le recours à des technologies innovantes, comme la récupération d'eau de pluie et le recyclage industriel, s'impose. Ce modèle offre un compromis entre sobriété et maintien des activités économiques, sans bouleversement radical des modes de vie.
Une transformation profonde : sobriété et rupture
Ce dernier scénario « de rupture » repose sur une réduction massive des prélèvements (-47 %). L'agriculture subit une métamorphose : la consommation de viande baisse de 50 %, les cultures fourragères diminuent, tandis que les productions de légumes et de protéines végétales explosent. L'agroécologie se généralise, et les exploitations s'orientent vers des systèmes à faible consommation d'eau. L'agroforesterie devient la norme dans les zones rurales.
Les villes adoptent des politiques "zéro déchet en eau". Hôtels, restaurants et industries recyclent leurs eaux usées. Les nouvelles constructions sont équipées de systèmes de stockage et de filtration performants. En Provence, les stations balnéaires intègrent des technologies de désalinisation et de recyclage avancées pour limiter leur impact sur les nappes phréatiques. Une approche qui transforme en profondeur notre rapport à l'eau.