Les spoliations des terres africaines ont fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. Mais un rapport de la FAO va à contre-sens.
Des spoliations de terres pas si diaboliques que ça
Les spoliations des terres africaines ont fait couler beaucoup d'encre ces dernières années. Mais un rapport de la FAO va à contre-sens.
Des faits exagérés ?
L’image générale est celle d’entreprises multinationales cruelles qui exploitent les pays en développement, au détriment de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance des petits fermiers.
Pascal Liu, un des rédacteurs d’un nouveau rapport pour la FAO, met un bémol à ces affirmations :
“Oui, ces deals existent, mais dans la plupart des pays, ce sont des citoyens qui achètent des terres, pas des étrangers”.
Les pays africains ont très peu de données sur les investissements qu’ils reçoivent. Certaines années, ils n’en ont pas du tout. Il faut donc remettre en question les chiffres qu’avancent les médias. De plus, l’opacité voulue autour des accords ne laisse que peu d’information au public.
En collaboration avec plusieurs ONG, la FAO a examiné six pays à la loupe : Ghana, Mali, Sénégal, Ouganda, Tanzanie et Zambie. La FAO a aussi étudié les travaux de Land Matrix, un partenariat entre organisations européennes comme le CDE, le CIRAD, GIGA, GIZ et ILC.
Des résultats positifs pour les investissements directs à l’étranger (IDE) dans l’agriculture
Les investisseurs n’aiment pas les pays en conflit, qui sont trop risqués, mais ils choisissent quand même à 66 % des pays où il y a une haute prévalence de sous- nutrition.
Les pays-hôtes peuvent avoir recours à des directives internationales s’ils craignent de se faire exploiter. Ainsi, Liu cite le cas du Sierra Leone qui ne voulait pas compromettre sa sécurité alimentaire ou ses fermiers quand il a été contacté au sujet de biocarburants étrangers. Il a demandé conseil à la FAO.
Des joint-ventures entre investisseurs étrangers et coopératives de fermiers locales peuvent être bénéfiques, surtout si les fermiers peuvent vendre leurs produits à bon prix et réinvestir les profits dans leurs propres fermes.
Au niveau national, les retombées étaient bonnes.
Restent des impacts négatifs
Dans certains cas, les emplois créés ne l’étaient que temporairement. Avec la mécanisation ou le changement de culture, la main d’œuvre est réduite. Les petits fermiers vont être déplacés, les éleveurs perdre des pâturages.
Et puis, le transfert de technologie reste bien inférieur aux promesses des investisseurs. Finalement, l’impact des IDE sur les moyens de subsistance locaux dépend des produits choisis et du système de production. Par exemple, le café, les fruits et les légumes impliquent plus d’Africains que de l’agriculture commerciale avec un faible besoin de main d’œuvre.
9 milliards d’humains à nourrir en 2050
La situation va encore évoluer. Même si les IDE ont augmenté, moins de 5 % sont destinés à l’agriculture africaine. Or, avec des prévisions de population à 9 milliards d’individus, les fermiers des pays en développement sont la clé. Ils pourront répondre à une demande grandissante si on les aide avec des investissements.