Une étude prouve que les oursins du golfe de Fos auraient développé une forme de résistance à la pollution au sein même de leurs gènes
À cause du chlore rejeté directement dans la mer par les différentes industries qui bordent le golfe de Fos-sur-Mer, dans les Bouches-du-Rhône l’eau se fait plus claire sur ces côtes.
Les entreprises de l’un des plus importants industriel d’Europe ont l’autorisation de déverser dans ce golfe, dans la limite d’un certain seuil, le chlore qu’elles utilisent pour nettoyer les tuyaux par lesquels elles pompent de l'eau.
Cependant, on peut s’interroger sur l’impact dû à ces rejets de chlore. Quels effets ont-ils sur les animaux de cette zone, qui sont également mangés par l’homme, comme l’oursin ?
Depuis environ deux ans, une étude, appelée Fos-Sea est menée par l’institut écocitoyen pour la connaissance des pollutions et coordonnée par le laboratoire chimie de l’environnement d’Aix-Marseille université. Ainsi le verdict tombe, dans ce milieu célèbre pour concentrer différentes substances toxiques, les oursins ont développé une résistance singulière aux polluants tels que le chlore.
Beaucoup, beaucoup de chlore
Jean-Luc Boudenne, professeur au sein du laboratoire et coordinateur de l’étude, indique que 6 millions de m3 de chlore sont rejetés chaque année dans le golfe de Fos-sur-Mer. Cependant, ce chlore, au contact de la matière organique présente dans la mer, devient un sous-produit de chloration, dont certains peuvent être toxiques et même cancérigènes.
Des oursins ont été prélevés dans le golfe dans le cadre de l’étude, tout près d’une zone de rejet de chlore. Ils ont également prélevé d’autres congénères vivant, eux, sur l’archipel des Embiez classé zone Natura 2000. Des fécondations faites en laboratoire, les larves ont ensuite été en contact avec des doses croissantes de sous-produits de chloration, jusqu’à ce qu’elles meurent.
Des oursins mutants
Les doses mortelles sont beaucoup plus élevées en ce qui concerne les oursins de Fos. Ainsi, on peut supposer que les oursins des Embiez ne pourraient probablement pas survivre explique Jean-Luc Boudenne. Une des explications possibles est la sélection naturelle, ou alors comme le souligne Véronique Dolot, la chargée de communication de l’institut écocitoyen, les oursins qui survivent sont des sortes de « super oursins mutants.
Jean-Luc Boudenne suppose que cela arrive en raison d’une modification de leur ADN, les oursins sont en effet dans l’obligation de s’adapter à ce milieu. La fin de l’étude prévue pour 2020 continuera sans doute de nous apprendre des choses, notamment quelles sont mes conséquences pour l’homme.