Issu d’une technologie 100% nationale, le réacteur modulaire Carem-25 devrait permettre de diminuer les risques grâce à sa petite taille. Un an après Fukushima, l’Argentine et l’Amérique du Sud continuent de tout miser sur le nucléaire.
Des mini-centrales nucléaires plus sûres?
Issu d’une technologie 100% nationale, le réacteur modulaire Carem-25 devrait permettre de diminuer les risques grâce à sa petite taille. Un an après Fukushima, l'Argentine et l'Amérique du Sud continuent de tout miser sur le nucléaire.
Le spectre de la catastrophe japonaise a poussé plusieurs nations à envisager une sortie du nucléaire à plus ou moins long terme. Au contraire de l’Argentine qui cherche à revenir à l’avant-garde des technologies de l’atome, grâce au développement d’un nouveau réacteur. Entièrement conçu et fabriqué sur le territoire national, ce type de centrale n’existe nulle part ailleurs et a été baptisé Carem-25, pour Centrale Argentine à Éléments Modulaires.
Un réacteur plus sûr
Tandis qu’un réacteur classique peut fournir l’électricité nécessaire à près de 7 millions de personnes, le Carem-25 est limité à 100 000 personnes au maximum. Cette moindre puissance a permis une diminution conséquente de la taille du réacteur et améliore de manière significative l’efficacité des systèmes de sécurité. C’est le cas par exemple des barres de contrôle servant à freiner la réaction nucléaire, qui tombent par gravité et sans intervention humaine en cas d’accident. À Fukushima, c’est avant tout la coupure d’électricité provoquée par le Tsunami qui avait empêché les systèmes de sécurité de fonctionner correctement.
La centrale argentine se distingue également par sa conception. Darío Jinchuk, physicien nucléaire à la Commission Nationale à l’Énergie Atomique (CNEA), l'estime très sécurisée:
Puisqu’elle est plus petite, tous les tuyaux du circuit primaire et du circuit secondaire sont confinés dans une enceinte sous pression, ce qui limite énormément les probabilités de fuites.
Pour autant, le Carem-25 n’a pas vocation à remplacer les centrales nucléaires conventionnelles, dont la puissance reste inégalable. Les mini-centrales peuvent en revanche s’avérer extrêmement utiles dans les zones isolées qui ne sont pas connectées au réseau de distribution national. Une entreprise minière envisage d'ailleurs d’installer un réacteur à proximité d'un de ses gisements.
L’Amérique du Sud reste engagée sur la voie du nucléaire
L’Argentine compte sur le succès de son réacteur modulaire pour redevenir une puissance nucléaire civile et exporter sa technologie. Dans les années 50, elle fût le premier pays d’Amérique latine à posséder un réacteur de recherche et le premier à construire une centrale nucléaire, en 1974, sur le site d’Atucha. C’est là que s’installera le Carem-25, à proximité d’une autre centrale classique (Atucha II), inaugurée il y a quelques mois.
Au Brésil, pas question non plus de lever le pied. En 2010, Dilma Roussef a lancé la construction de la troisième centrale nucléaire du pays. Elle verra le jour à Rio de Janeiro. De son côté, peu après la catastrophe de Fukushima, le Chili signait un accord de coopération nucléaire avec les États-Unis à des fins scientifiques.