A l’occasion du 29e festival international du film d’environnement d’Île de France, plusieurs films ont présenté des problématiques liées à la gestion de l’eau dans des régions sinistrées. Parmi eux, Carbon for Water.
Des filtres à eau pour sauver la population… et la forêt
A l’occasion du 29e festival international du film d’environnement d’Île de France, une après-midi sur le thème de l’eau, un bien commun à partager était organisée vendredi 10 février. Projetés hors compétition, plusieurs films ont présenté des problématiques liées à la gestion de l’eau dans des régions sinistrées. Parmi eux, Carbon for Water.
Réalisé par les Américains Evan Abramson et Carmen Elsa Lopez, le documentaire s’intéresse à une action menée par une société privée, Vestergaard Frandsen, dans l’Ouest du Kenya. Dans une région durement frappée par la déforestation et le réchauffement climatique, l’eau vient à manquer. Chaque jour, les femmes parcourent plusieurs kilomètres pour récupérer de l’eau à la rivière.
Régulièrement des épidémies de choléra et de dysenterie font des ravages dans la population, la faute à une eau insalubre. Pour les éviter, le gouvernement Kenyan préconise de faire bouillir l’eau avant de l’utiliser. Pour bouillir, il faut récolter du bois, contribuant à la déforestation. La perte des zones forestières entraînent une diminution des précipitations. L’eau se fait plus rare et plus sale. C’est un cercle vicieux.
Des filtres financés grâce aux crédits carbone
Constatant cette situation, l’entreprise Vestergaard Frandsen voit là l’occasion de faire du business tout en améliorant la vie des habitants. Profitant du mécanisme de crédits carbone mis en place par le protocole de Kyoto, elle distribue gratuitement 900 000 filtres purificateurs d'eau aux habitants de la région. Rentabilisant son investissement grâce aux crédits carbone récupérés pour le bois sauvé.
Lors du débat qui a suivi la projection, les réalisateurs et un chargé de communication de Vestergaard Frandsen ont répondu aux questions. Aux spectateurs, qui trouvent l’aspect des filtres (plastique) un peu fragile, le représentant de l’entreprise répond:
Chaque filtre est utilisable durant 2 ou 3 ans pour une famille de 5 personnes. Et nous avons 32 centres de réparation au Kénya qui les remplace en cas de problème. L’opération va durer au moins 10 ans, et peut-être plus si le protocole est prolongé.
Plus de 4 millions de personnes touchées
Pour le réalisateur Evan Abramson, qui est tombé sur cette action «un peu par hasard, pendant un tournage en Ethiopie», cette solution :
N’est sans doute pas la solution définitive qui résoudra tous les problèmes d’eau. Mais j’ai vu trop de populations en difficulté autour du monde pour ne pas soutenir cette action. Elle permet aux habitants d’avoir de l’eau potable pendant au moins 10 ans. Et sans eau pure, ils meurent!
Carmen Elsa Lopez ajoute :
Depuis 2007, il y a eu deux épidémies de choléra dans cette région. A chaque fois le gouvernement communique sur le thème: «lavez vous les mains et faites bouillir l’eau». Il y a une contradiction, car cela a une incidence sur la forêt, qui est protégée. Sans compter que pour se soigner, ils prennent des médicaments avec de l’eau contaminée.
Touchant plus de 4 millions de personnes, il faut espérer que cette opération aura des effets concrets sur la santé de la population. Et aussi qu’elle permettra à la forêt de se reconstituer et aux précipitations de revenir. Pour qu’enfin la région puisse entrer dans un cercle vertueux.
Gaspard Mathé