Les biotechnologies environnementales permettront-elles de réhabiliter des sols pollués par le pétrole ? C’est l’espoir d’un groupe de chercheurs de l’Université Nationale Autonome du Mexique …
Des enzymes de champignons pour décontaminer les sols
Les biotechnologies environnementales permettront-elles de réhabiliter des sols pollués par le pétrole ? C’est l’espoir d’un groupe de chercheurs de l’Université Nationale Autonome du Mexique (UNAM), qui utilisent avec succès les propriétés de molécules organiques afin de dégrader les hydrocarbures les plus nocifs.
L’exploitation du pétrole est souvent synonyme de désastre écologique lorsqu’elle a lieu dans des milieux fragiles. Elle peut se traduire par une pollution durable des sols et des cours d’eau. La bioremédiation consiste à décontaminer un milieu (air, eau ou sol) en faisant appel à des systèmes biologiques, c'est à dire des micro-organismes ou des plantes capables de dégrader naturellement les résidus polluants.
Vázquez Duhalt, de l’Institut de technologie environnementale (IBt) de l’UNAM, a concentré les recherches de son laboratoire sur des enzymes fongiques (issues de champignons). Il les a modifiées génétiquement pour qu’elles puissent s’attaquer aux résidus du pétrole les plus dangereux pour la santé humaine : les hydrocarbures aromatiques (benzène, phénol, etc.).
Ces modifications ont pour but de rendre ces enzymes plus stables et surtout plus actives.
Une des limites des micro-organismes comme les bactéries ou les champignons pour dégrader le pétrole est leur hydrophobicité, c'est-à-dire le fait qu’ils repoussent l’eau. C’est pour cette raison que les enzymes non-modifiées n’ont pas accès aux molécules des hydrocarbures
, explique Vázquez Duhalt.
Le principal défi qu’ont dû relever les chercheurs a donc consisté à rendre les micro-organismes solubles dans le pétrole. Grâce aux enzymes modifiées génétiquement, il est désormais possible de réduire de manière significative les propriétés cancérigènes et mutagènes des composés aromatiques, voire même de les éliminer.
Le scientifique précise qu’il n’est pas toujours possible de dégrader complètement les polluants les plus récalcitrants, comme le font certains processus microbiens. L’objectif de la biotechnologie environnementale consiste dans ce cas à diminuer leur impact.
Les recherches du laboratoire de Vázquez Duhalt ont permis de développer une suspension bactérienne utilisée par plusieurs entreprises spécialisées dans la bioremédiation des sols, qui collaborent avec Pemex (la compagnie pétrolière nationale mexicaine). Ces nouveaux produits sont notamment employés pour décontaminer les champs pétrolifères de Tabasco et de Coatzacoalcos, dans l’état de Veracruz.