Une série de contrôles, dans quatre grandes usines de production d’éthanol de l’état de São paulo, fait ressortir des conditions de travail épouvantables et l’utilisation intensive de pesticides…
Des conditions proches de l’esclavage dans l’industrie du biocombustible
Fin janvier, le Groupe de Surveillance Rurale de Ribeirão Preto, dans l’état de São Paulo, a réalisé une série de contrôles dans quatre grandes usines de production d’éthanol de la région. Ils font suite à de nombreuses plaintes concernant les conditions de travail des coupeurs de canne à sucre et l’utilisation intensive de pesticides.
Dans la première usine inspectée, Santa Rita SA, 37 motifs d’infractions ont été relevés indique l’inspecteur Antonio Avancini. Non paiement des charges sociales, dépassement horaire des journées de travail, non respect des 11 heures de repos entre deux journées de travail, travail pendant les jours fériés, non fourniture gratuite d’outils adaptés au travail, transport de pesticides dans le même compartiment que les aliments ou ustensiles à usage personnel des travailleurs, équipements de protection déchirés et abimés, exposant les travailleurs à des contaminations...
Les inspecteurs se sont aperçus que cette usine avait déjà été mise à l’amende en 2007:
Les mêmes irrégularités, à l’exception de celle concernant les pauses de travail, ont été constatées lors de cette dernière inspection.
Discriminations entre les travailleurs
Les ouvriers sont séparés en deux catégories: les “industriels” d’un côté, les “ruraux” de l’autre. Chaque côté bénéficiant de traitements très différenciés. Voyages dans des bus confortables, bonnes payes par virement, nourriture chaude préparée à la cantine de l’usine pour les "industriels". Pour les "ruraux, ce n'est pas la même chanson. Transports dans des bus précaires, payes par chèque (sans avoir le temps d’aller les encaisser à la banque, ils doivent les changer dans le commerce parallèle, subissant des frais importants), repas préparés à leurs bons soins et mangés froids.
En mars 2007, le président Lula, déclarait:
Les exploitants de canne à sucre, qui étaient considérés comme des bandits de l’agro-business il y a dix ans, sont en train de devenir des héros nationaux et mondiaux. Tout le monde lorgne désormais sur l’éthanol. Et pourquoi? Parce que les producteurs ont des pratiques sérieuses.
À l’époque, ces propos avaient été reçus avec beaucoup d’incrédulité.
Un secteur qui se croit tout permis
En 2003, le propriétaire de l'usine de Santa Rita, Nélson Affif Cury, est arrêté une première fois, accusé de fraude à la Sécurité Sociale pour un montant de 69 millions de R$ (30 millions d’euros). Procès qui se solde par un étrange non-lieu en 2007. La justice vient à nouveau de condamner Affif à deux ans et huit mois de prison pour ces mêmes motifs.
Selon l’inspecteur Avancini, le comportement du secteur des biocombustibles issus de la canne à sucre n’a pas changé ces dernières années. Ni sur les conditions de travail, ni sur le respect des lois et le paiement des charges.
Les arriérés de charges sociales de l’usine de Santa Rita dépasse les 25 millions de R$. Et pendant ce temps, les patrons se portent très bien. Ils ont des hélicoptères, des bateaux...
Il ajoute que, malgré les progrès technologiques et mécaniques du secteur,
Au début de la chaine, dans les champs, le travail est très précaire et éreintant. Les coupeurs de canne font des journées de 12 heures, de jour comme de nuit, sans repos. Dans la région de Goiás (centre du pays), les inspecteurs ont contrôlé une usine dont les chauffeurs travaillaient 24 heures d’affilée.
Il s’insurge contre le dédain des propriétaires envers les propres organes judiciaires.
La direction de l’usine de Santa Rita ne s’est même pas présentée lors de la remise des procès-verbaux d’infractions... Ils s’en foutent!