La biolixiviation permet d’exploiter des minerais pauvres en cuivre à l’aide de micro-organismes naturellement présents dans le sous-sol. Moins gourmande en eau et en énergie, cette technique limite également les risques de pollution environnementale accidentelle.
Des bactéries liquéfient le métal et révolutionnent le travail à la mine
La biolixiviation permet d'exploiter des minerais pauvres en cuivre à l'aide de micro-organismes naturellement présents dans le sous-sol. Moins gourmande en eau et en énergie, cette technique limite également les risques de pollution environnementale accidentelle.
Au Chili, où le cuivre représente 70 % des exportations du pays, chaque avancée technologique liée à l'exploitation minière est scrutée avec attention.
Alors que les premiers gisements contenaient jusqu'à 30 % du cuivre, cette concentration est souvent comprise entre 1 % et 1,8 % de nos jours. Une teneur parfois insuffisante pour rentabiliser les processus traditionnels de concassage, de broyage et de fonte, qui consomment des quantités d'eau et d’énergie considérables.
Pour remplacer ces techniques fortement émettrices en CO2 et valoriser des minerais toujours moins riches en cuivre, de nombreuses compagnies minières ont recours à un nouveau procédé : la biolixiviation, ou lixiviation biologique.
Fruit de l'association du géant minier public Codelco et de la compagnie japonaise Nippon Metals & Mining, l'entreprise chilienne Biosigma fait partie des leaders de ce secteur en pleine expansion, qui permet déjà l'extraction de 20 % de la production de cuivre mondiale.
Également employée pour l'or et l’uranium, la technique consiste à plonger le minerai dans un bain acide, au sein duquel sont introduites les bactéries Acidithiobacillus ferrooxidans et Acidithiobacillus thiooxidans.
Présents à l'état naturel dans les mines de métaux, ces micro-organismes sont capables de dissoudre le métal, qui retrouve sa forme solide après électrolyse de la solution obtenue.
Grâce à ces bactéries, il est possible d'extraire près de 90 % métal, contre 60 % seulement avec les méthodes classiques. Pilar Paddar, directrice du département Recherche et Développement à Biosigma, explique:
« Les bactéries ne nécessitent pas grand-chose pour faire leur travail. Elles utilisent de l'air, de l'oxygène et du CO2. C'est le minéral lui-même qui leur sert de source d'énergie ».
Le procédé apporte également la possibilité de dépolluer les milieux contaminés par l'exploitation minière.
À plus long terme, cette technique permettra peut-être d'extraire le cuivre sans avoir à déplacer des montagnes de roche. Il suffirait alors de percer deux puits : le premier pour y injecter la solution de bactéries ; et le second pour récupérer le liquide chargé de cuivre.
En envoyant des microbes sous terre plutôt que des êtres humains, la biolixiviation pourrait également sauver des vies. Chaque année, on estime que 12 000 mineurs sont victimes d’accidents mortels.