Une étude concernant la bioremédiation de l’uranium est menée par l’ICES, le Centre International des Études de la Terre, dans le sud de la province de Mendoza. La bioremédiation consiste à utiliser des procédés biologiques afin de transformer, de neutraliser ou d’éliminer des substances polluantes, ici de l’uranium.
Les recherches portent sur deux méthodes complémentaires :
La première consiste à observer l’action du tournesol en culture hydroponique sur des solutions d’uranium, afin de savoir si ses racines peuvent l’absorber. Ce domaine de recherche est très récent, et à ce jour, seuls quelques essais ont eu lieu dans l’Ohio et à Tchernobyl. Le but sera ensuite de prouver qu’aucune translocation n’ait lieu, c’est à dire que l’uranium ne migre pas vers les autres parties de la plante. C’est ce qui s’appelle la phytostabilisation : l’élément toxique reste piégé dans les racines.
La seconde méthode étudiée consiste à optimiser l’absorption des racines du tournesol grâce à un champignon : le Glomus intraradices. Cette fois-ci, la culture a lieu dans un pot rempli de terre où le champignon vit en symbiose avec les racines de tournesol.
Le développement du tournesol reste normal, aucune de ses fonctions n’est altérée. Reste à s’assurer cependant qu’aucune migration n’ait lieu ; c’est l’objet de cette étude.
Pour l’instant, les seules certitudes viennent d’expériences similaires menées au Mexique en 2005 sur d’autres métaux lourds : du cadmium et du zinc. Il s’agit pour l’équipe argentine de transposer cette méthode à l’uranium, qui est fourni sous forme de solutions par la CNEA, la Commission Nationale de l’Énergie Atomique. Celle-ci procèdera ensuite à la mise en œuvre concrète de ce procédé sur des parcelles contaminées, dans le cadre d’un programme de réhabilitation environnementale du secteur minier.
Pour l’instant, les études restent cantonnées au laboratoire et à des plantes cultivées hors-sol, les premières expérimentations sur des pots remplis de terre étant prévues pour 2011. Une mesure précise des quantités absorbées constitue la première étape nécessaire avant d’envisager des essais sur le terrain, qui pour l’instant n’ont eu lieu nulle part dans le monde.
Si ce projet se concrétisait, il pourrait empêcher la propagation de l’uranium, qui s’il n’est pas fixé, peut voyager dans l’eau sous forme de sel et être absorbé par des plantes qui ne possèdent pas les propriétés de phytostabilisation du tournesol, c’est-à-dire qui laissent migrer l’uranium vers leurs parties aériennes. Celui-ci peut alors affecter les animaux ou les récoltes.
Le tournesol pourrait permettre de réduire substantiellement les niveaux de contamination. Après avoir fixé l’uranium, il serait arraché et incinéré.
Cette technique laisse entrevoir de multiples applications avec divers métaux lourds, radioactifs ou non.
Source : pagina12.com.ar