Un rapport du Programme des Nations Unies pour l’environnement dresse un bilan des dangers qui guettent le lac Titicaca et insiste sur l’urgence d’un meilleur contrôle des activités humaines dans la région.
De nouvelles menaces pèsent sur le lac Titicaca
Réchauffement planétaire, croissance démographique, rejets polluants… Un rapport du Programme des Nations Unies pour l'environnement dresse le bilan des dangers qui guettent le lac Titicaca et insiste sur l'urgence d'un meilleur contrôle des activités humaines, en particulier de l'industrie minière.
La pollution microbiologique progresse
Plus haut lac navigable au monde, avec une altitude maximale de 3.800 mètres, le Titicaca fait partie du système hydrologique TDPS (lac Titicaca, Río Desaguadero, lac Poopó, Salar de Coipasa) qui s’étend sur 143.900 kilomètres carrés, à cheval entre le Pérou et la Bolivie.
À l'initiative du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), cet immense bassin lacustre a fait l'objet de trois années de recherches, auxquelles ont pris part plus d'une centaine de scientifiques boliviens et péruviens. Baptisée GEO pour Global Environment Outlook, la méthodologie employée est utilisée dans différentes parties du monde dans le cadre du PNUE pour évaluer avec précision la situation environnementale.
Selon le rapport, les 3 millions d'habitants de la région du TDPS génèrent environ 100.000 tonnes de déchets annuels, dans une zone comprenant 92 communes péruviennes, 87 boliviennes et 5 chiliennes. La pollution microbiologique est plus importante du côté péruvien en raison de l'importance des villes du littoral, mais la morphologie fermée du lac ralentit sa propagation.
Pour l’instant, les pertes de biodiversité constatées sont surtout provoquées par des espèces invasives comme la truite et le Pejerrey, introduites il y a plus de 70 ans. Mais les activités humaines posent tout de même de sérieux problèmes, en particulier l’industrie minière.
Plus assez d’eau pour les poissons
Le rapport révèle l'existence de multiples foyers de pollution due aux métaux, mettant en évidence le manque de contrôle de la part des gouvernements bolivien et chilien, malgré les nombreuses lois réglementant ce secteur.
Par ailleurs, des siècles d'exploitation minière ont entraîné une sédimentation minérale importante. Associée à l'évaporation due au réchauffement, elle entraîne une réduction considérable de la profondeur du lac Poopó. Avec moins d'un mètre de fond, l'habitat des poissons y est déjà perdu.
L'étude révèle aussi des disparités importantes au niveau de la gestion des ressources hydriques entre les deux pays. Du côté péruvien, 43,1% des habitants ont accès à l'eau potable, contre seulement 26,9% du côté bolivien.
La gestion commune de l’eau, une priorité
Le PNUE se félicite cependant de la création en 2010 de l'Autorité binationale autonome du lac Titicaca, une initiative conjointe des deux pays qui a permis la construction d’une retenue à l'embouchure du Río Desaguadero afin de réguler son débit et d'éviter les crues.
Cette nouvelle entité a également procédé au dragage partiel du lit du fleuve et à l'élimination de la flore aquatique invasive, ainsi qu’à la numérisation des données publiques concernant le TDPS.
Les travaux du PNUE devraient quant à eux permettre aux gouvernements de mieux évaluer les priorités en matière de réglementation et de gestion des ressources hydriques, notamment au niveau du traitement des eaux usées.