En marge des négociations entre les pays participant à la COP21, plus d'un millier de maires du monde entier s'est réuni à Paris le 4 décembre pour réduire l'impact des villes sur le réchauffement climatique. Les zones urbaines sont en effet les principales émettrices de gaz à effet de serre, dont les conséquences sur l'environnement se mesurent sur toute la planète.
Tandis que la présence de plus de 150 chefs d'État au Bourget a concentré l'essentiel de l'attention médiatique, la COP21 a également été le théâtre d'événements plus faiblement relayés par la presse, comme le Sommet des élus locaux pour le climat. Organisé à l'Hôtel de Ville de Paris, cette "COP21 des villes" a pourtant rassemblé plus de 1 000 maires venus du monde entier, en présence de François Hollande et de Ban Ki-moon ainsi que d'un trio d'acteurs engagés pour l'environnement (Robert Redford, Leonardo Di Caprio et Arnold Schwarzenegger). Derrière cette mobilisation massive et prestigieuse se cachait un enjeu capital : la lutte contre le réchauffement climatique à l'échelle locale.
En 2050, deux tiers de la population mondiale - soit 6 milliards de personnes - vivront en ville, contre 54 % aujourd'hui. Avec 70 % de la production mondiale de gaz à effet de serre provenant des zones urbaines, la pollution de l'environnement constitue donc une menace prise très au sérieux par les élus locaux. D'autant que les premières victimes du réchauffement climatique sont les villes des pays pauvres ou en voie de développement qui, bien que faibles émettrices de CO2, disposent souvent de moyens insuffisants pour se protéger contre les dérèglements de la planète.
Richard Attias, un organisateur très impliqué en Afrique
Cette injustice permet d'expliquer pourquoi tant de maires africains ont répondu présents à l'appel d'Anne Hidalgo, maire de Paris, qui avait déjà réuni une trentaine d'entre eux dans la capitale française le 17 avril dernier pour lancer un appel à l'électrification de l'Afrique. Leur participation en nombre à cette "COP21 des villes" est peut-être aussi le fait de Richard Attias, l'organisateur de l'événement, très impliqué dans les questions du climat et du développement économique de l'Afrique.
L'homme d'affaires marocain était également à l'origine du New York Forum Africa, dont la 4e édition s'est tenue fin août à Libreville (Gabon). Ce sommet accueillait une conférence sur le réchauffement climatique baptisée "Climate South Initiative", sorte de préparation pour les pays africains à la COP21. Le rendez-vous parisien doit donc en grande partie sa réussite au travail en Afrique de Richard Attias, qui a su mobiliser hommes politiques et hommes d'affaires autour de l'intérêt commun à préserver l'environnement.
« Les maires peuvent agir plus vite que les États » (Eduardo Paes, maire de Rio)
En 2015, une étude de l'université de Yale (États-Unis) a d'ailleurs révélé que l'action des collectivités locales et des entreprises est plus rapide et plus efficace dans la réduction des gaz à effet de serre. « Les maires sont dans le concret et peuvent agir plus vite que les États », a rappelé Eduardo Paes, maire de Rio de Janeiro et président d'un collectif de maires engagés pour le climat (C40). Les transports, le logement et l'énergie sont autant de domaines dans lesquels les municipalités ont des compétences pour innover et apporter des solutions.
D'un commun accord, le millier d'édiles réunis par Anne Hidalgo et Richard Attias s'est engagé à atteindre des objectifs ambitieux sur le long terme, tels que la transition vers une énergie 100 % renouvelable et la réduction de 80 % des émissions de gaz à effet de serre d'ici 2050. Dans cette optique, la ville de Boston possède déjà une longueur d'avance après avoir réduit de 17 % ses émissions de gaz à effet de serre en 10 ans et modernisé ses 321 bâtiments municipaux pour alléger sa facture énergétique. Preuve s’il en fallait que la lutte globale contre le réchauffement climatique s'organise aussi - et surtout - à l'échelle locale.