Fukushima : quelles conséquences en Chine ? Comme ailleurs, des réflexions d’abord sur la pertinence du développement du nucléaire. Et, plus inattendu, une augmentation du prix…
Conséquences de la crise nucléaire japonaise
Fukushima : quelles conséquences en Chine ? Comme ailleurs, des réflexions d’abord sur la pertinence du développement du nucléaire. Et, plus inattendu, une augmentation du prix… du sel… Explications.
La Chine est le pays qui représente 60% de la croissance de l’industrie nucléaire mondiale. Les décisions qui seront prises concernant la confirmation ou non du développement frénétique de l'énergie nucléaire auront donc des répercussions mondiales. Pour l’instant, les autorités et les ‘experts’ du nucléaire sont montés au créneau pour rassurer la population. Comme en France, en Inde ou ailleurs, on garantit que ce qui se passe au Japon ne pourrait pas avoir lieu en république populaire. D’abord parce que la Chine n’utilise que les technologies américaine de Westinghouse et française d’Areva. Ensuite parce que la sélection des sites nucléaires est extrêmement rigoureuse, loin des régions à risques sismiques importants.
Pourtant, le conseil des affaires de l’état a décidé dès le lundi 14 mars de geler les autorisations administratives pour les nouvelles centrales. Tout en assurant que la stratégie nucléaire chinoise n’était pas remise en question. Si les projecteurs se braquent souvent sur la vitesse à laquelle la Chine développe les ENR, il ne faut pas oublier que le pouvoir chinois qualifie l’énergie nucléaire ‘d’énergie nouvelle’ qui va permettre en grande partie d’assouvir les nouveaux besoins d’électricité du pays.
Le développement du nucléaire civil chinois s’est fait relativement tard. Commencé en 1985, il a abouti sur la mise en service de 13 réacteurs, qui assurent aujourd’hui environ 2% des besoins énergétiques du pays. Mais le rythme s'accélère :
- en 2010, la Chine a achevé 2 chantiers de réacteurs, sur les 5 chantiers achevés dans le monde
- la même année, le pays a lancé 9 des 14 chantiers de réacteurs lancés dans le monde
- pendant la période du douzième plan quinquennal (2011 - 2015), la Chine prévoit de mettre en service 43 milliards de watts de capacité supplémentaire
- le pays devrait porter sa capacité de production totale à 80 milliards de watts d’ici 2020
Ces chiffres qui font tourner la tête aux industriels du secteur sont donc maintenant pendus aux conclusions que l’administration tirera de la situation à Fukushima. Car comme le rappellent les tragédies du Sichuan en 2008 ou de Tangshan en 1976, la Chine est aussi un pays souvent frappé par les séismes. Pour l’instant, le gel des nouveaux permis semble plus une mesure transitoire visant à calmer les esprits qu’une réelle décision de fond sur l’avenir de la filière.
Pendant ce temps là, les milliards de consommateurs chinois ont eux réagi de manière inattendue à la crise de l’atome japonais. Les prix du sel ont augmenté en flèche à partir du 13 mars. Des rumeurs sur la qualité future du sel et les vertus de l’iode dans la protection contre les radiations sont à l’origine de ce phénomène étrange. Les chinois se sont rués dans les supermarchés pour faire des stocks de sel, très utilisé dans la cuisine locale. Ils craignent que la radioactivité se concentre dans les pluies qui vont tomber d’ici peu sur l’océan pacifique.
D’autre part, l’iode serait une arme contre les cancers de la thyroïde provoqués par les radiations. Les consommateurs ont donc privilégié le sel iodé dans la constitution de leurs ‘stocks de guerre’.
Cependant, la vague semble passée après les déclarations officielles du non fondé de ces rumeurs et surtout, les mesures administratives rapidement prises : depuis le 16 mars, il est interdit d’acheter plus de 3 pots de sel dans un supermarché chinois ! Alors que l’inflation inquiète plus le gouvernement que les radiations japonaises, tout est bon pour limiter l’augmentation du prix des denrées alimentaires !