Comme la majorité des citadins français, Jean-Jacques Fasquel vit dans un immeuble, n’a pas de jardin personnel, ni de lombricomposteur d’appartement et pourtant depuis 2008 il composte. Il y a 5 ans, Jean-Jacques a lancé le premier système de compost collectif en pied d’immeuble à Paris.
Compost collectif au coeur de la capitale
Comme la majorité des citadins français, Jean-Jacques Fasquel vit dans un immeuble, n’a pas de jardin personnel, ni de lombricomposteur d’appartement et pourtant depuis 2008 il composte. Il y a 5 ans, Jean-Jacques a lancé le premier système de compost collectif en pied d’immeuble à Paris. Depuis, 100 autres immeubles ont suivi le pas et l’engouement de la Mairie de Paris et de ses habitants suggère que la compost’mania ne fait que commencer…
Une CompoStory pas comme une autre
Avant de devenir Maître-composteur, Jean-Jacques travaillait dans le secteur des loisirs et de l’évènementiel jusqu’au jour où il a réalisé que la chemise dans laquelle il empilait tous les articles qu’il lisait au sujet de l’environnement était bien trop pleine. Sa nature rationnelle le pousse alors à remettre ses choix personnels et professionnels en question et à regarder sa vie “avec un nouveau filtre”. C’est à ce moment-là qu’il commence à s’intéresser aux problèmes des déchets et cherche des solutions pour réduire ceux qu’il produit au quotidien. Au gré de ses pérégrinations vers un mode de vie plus vert, Jean-Jacques découvre le système de compostage collectif mis en place en 2006 à Rennes, ville-pionnière dans le domaine. Inspiré par cette initiative citoyenne, il décide d’en “faire un copier-coller” et de proposer un système de compostage collectif au pied de son immeuble parisien.
C’est ainsi qu’en 2007, Jean-Jacques se lance dans la compost’aventure. Après avoir obtenu sans difficultés l’accord de la Mairie, consciente des avantages économiques du compostage (plus on composte, moins la ville a de déchets à collecter), et surpassé les préjugés du bailleur et de certains habitants de l’immeuble sur le compost (non, le compost ça ne sent pas mauvais et ça n’attire pas les rongeurs !), Jean-Jacques met finalement en place 3 bacs de compostage en juin 2008. Au départ, 25 foyers se joignent à lui et nourrissent le compost à leur gré et une fois tous les résidus organiques décomposés ils peuvent l’utiliser pour leurs plantes. 5 ans plus tard, ce sont 75 foyers qui compostent leur déchets organiques et participent aussi à d’autres initiatives vertes au sein de l’immeuble.
Du compostage au jardinage
Satisfait du système de compostage, en 2010 Jean-Jacques propose ensuite la mise en place d’un jardin potager partagé, toujours au pied de l’immeuble. Une quarantaine de foyers se montrent intéressés et cultivent depuis 2m carrés de terrain chacun. Puis viennent s’ajouter 4 ruches et quelques arbres fruitiers : deux pommiers, un cerisier, un pêcher et un figuier. La prochaine étape ? Un poulailler. La dalle est déjà installée, il ne reste plus qu’à faire venir les poules ! Si Jean-Jacques a réussi à initier tout cela ces dernières années, c’est avant tout grâce à la simplicité du système qui permet à chacun de composter, semer et récolter quand il le désire, sans contraintes ni obligations.
Du compostage au tissage de liens
Malgré cette indépendance, certaines étapes nécessitent un véritable travail d’équipe et c’est alors ceux qui le souhaitent qui viennent donner un coup de main. Ces moments-là jouent un véritable rôle dans le tissage de liens sociaux, une notion que Jean-Jacques dit avoir sous-estimée au départ. Les moments de labeur collectif donnent l’occasion d’enchaîner avec des haltes conviviales autour de la cuisine et d’apéros collectifs. Les disco-soupes, me dit-il, ils en faisaient déjà à leur manière bien avant que ça ne devienne un mouvement populaire. De plus, toutes ces activités autour de l’alimentation poussent chacun à réfléchir à ce qu’on mange, et pour Jean-Jacques, l’une des vertus du compost c’est que “c’est une boîte de Pandore qui nous incite à nous poser des questions”.
Une initiative à la portée de tous
Mais alors concrètement comment ça marche ? L’explication de Jean-Jacques reflète indéniablement la simplicité du processus. Voici la recette et les ingrédients qu’il vous faut pour mettre en place un système de compostage collectif au pied de votre immeuble:
- 1 habitant enthousiaste, prêt à motiver ses voisins et à entamer les démarches administratives
- 1 espace d’environ 5 mètres carrés de terrain pour y installer 3 bac de 600 litres en contact avec le sol et au minimum à une une dizaine de mètres du premier voisin.
- Quelques signatures : celle de la mairie, du bailleur social et de l’association des locataires ou du conseil syndical
- Des voisins prêts à collaborer
- Des déchets organiques
Facile, non ? Il faut également se souvenir que c’est un bien meuble qui peut s’enlever aussi rapidement qu’il a été installé, rappelle Jean-Jacques. Pour démarrer, certaines communes offrent même les bacs et l’accompagnement initial par un maître composteur, ainsi que la matière sèche qu’il faudra incorporer pour équilibrer le compost. La ville de Paris, séduite par l’initiative de Jean-Jacques offre dorénavant la possibilité aux immeubles intéressés de leur fournir le matériel, l’accompagnement et le broyat. En fin de compte, tout le monde y gagne : cela fait moins de déchets à gérer par la municipalité et du compost à volonté pour cultiver les plantes et le jardin des participants.
Evolution de l’intelligence collective
Pour Jean-Jacques tout cela ne va malgré tout “pas assez vite” mais il reconnait l’évolution de l’intelligence collective qui permet aux gens d’avancer ensemble sur un chemin plus vert et plus solidaire. Selon lui il faut “réinventer l’imaginaire” : ainsi il considère que le compost c’est “glamour et sexy” et qu’il n’y a pas d’ordures, mais de “l’OR-dur”- la nature étant faite sans déchets, il n’y a aucune raison pour qu’on en laisse. Fort de cette prise de conscience, Jean-Jacques consacre maintenant sa carrière à l’environnement et aux formations de compostage. “Ma vie a complètement changé” me confie-t-il et on le sent serein d’être en harmonie avec ses valeurs autant dans sa vie personnelle que professionnelle.
Pour en savoir plus sur les activités de Jean-Jacques et sur le compostage, vous pouvez consulter ses blogs Dévelopement durable et communication et CompoStory.
Natasha Tourabi