Depuis plusieurs décennies les gouvernements ont refusé toute remise en cause de la position dominante de l’énergie nucléaire en France. Résultat : aujourd’hui, l’opinion ne fait pas plus confiance aux partisans français du nucléaire qu’à leurs homologues japonais, russes ou américains.
Quand et comment sortir du nucléaire?
Denis Bonnelle est physicien et économiste. Il est l'auteur de livres sur les énergies renouvelables et le changement climatique. L’auteur s’exprime à titre personnel.
Depuis plusieurs décennies, les gouvernements successifs ont toujours refusé toute remise en cause de la position dominante de l’énergie nucléaire en France. Résultat : aujourd’hui, l’opinion publique ne fait pas plus confiance aux partisans français du nucléaire qu’à leurs homologues japonais, russes ou américains.
L’argument d’autorité ne fonctionnant plus, qu’est-ce qui nous empêcherait de sortir du nucléaire ? Le prix et l’intermittence des énergies renouvelables ? Objection recevable, à condition que cela soit constructif!
Ceux qui militent pour la sortie du nucléaire doivent travaillent concrètement à faire baisser le coût des énergies renouvelables en les produisant en très grande série, à avancer sur le stockage de l’électricité et l’effacement de la pointe de demande, et à constituer de vastes réseaux à très haute tension permettant de jouer des complémentarités entre conditions météorologiques (vent / soleil) à l’échelle continentale !
Reste encore un autre argument en faveur du nucléaire : C’est qu’avant que les énergies éolienne et solaire atteignent des volumes des dizaines ou centaines de fois supérieurs à ceux d’aujourd’hui et soient enfin à la hauteur du problème, la demande d’électricité ne devrait pas diminuer, mais augmenter.
Non pas parce qu’accroître l’efficacité énergétique serait une mauvaise idée, ni parce que nous serions des drogués de la croissance pour la croissance, mais simplement parce que lutter sérieusement contre le changement climatique implique d’injecter des quantités massives d’électricité dans les transports (trains, tramways, voitures hybrides pluggables, purement électriques ou même à hydrogène, qu’importe), et peut-être aussi dans le chauffage (pompes à chaleur) des bâtiments anciens, les plus difficiles à isoler parfaitement (et inversement, le développement de la climatisation peut aider le photovoltaïque à devenir compétitif).
Soyons optimistes! D’ici 25 à 40 ans, notre planète pourrait être nettement décarbonée : la sauvegarde du climat l’exige, et c’est un défi scientifique et technologique exaltant que d’y arriver à moindre coût. Si le reste du monde en est capable, pourquoi notre petit pays n’arriverait-il pas, lui aussi, à réduire fortement ses émissions de carbone et, presque sans s’en apercevoir, à sortir de son particularisme nucléaire ?
Denis Bonnelle est physicien et économiste. Il est l'auteur de livres sur les énergies renouvelables et le changement climatique. L’auteur s’exprime à titre personnel.