Alors que la transition écologique devient une urgence, les collectivités locales en France se confrontent à une montagne d’investissements supplémentaires estimés à 11 milliards d’euros par an jusqu’en 2030. Ce chiffre, issu des travaux du think tank I4CE, souligne la pression croissante sur les budgets locaux pour atteindre les objectifs climatiques européens.
Climat : les collectivités ont besoin d’investir plus
Un mur d'investissements inévitable
Les recherches de l'Institut pour le Climat et l'Économie (I4CE), appuyées par la Banque Postale, et partagées par Les Echos, révèlent que les investissements verts nécessaires se concentrent dans les secteurs du bâtiment, des transports et de l'énergie. L'objectif est clair, réduire les émissions de gaz à effet de serre pour se conformer à l'initiative européenne « Fit for 55 ». Malgré un investissement accru en 2022 et 2023, Aurore Colin, co-auteure de l'étude, affirme que l'effort actuel ne suffit pas.
Les dépenses des collectivités locales françaises pour lutter contre le changement climatique ont grimpé à 10 milliards d'euros en 2023, enregistrant une hausse significative de 44 % depuis 2017, avec des investissements accrus dans la mobilité électrique, les transports en commun et la rénovation énergétique des bâtiments. Au-delà de la simple atténuation des émissions, les investissements doivent également embrasser l'adaptation au changement climatique, la biodiversité, la gestion des déchets et l'assainissement de l'eau. Ces domaines, essentiels à une transition écologique complète, restent sous-financés, accentuant la distance entre les besoins réels et les fonds disponibles.
Emprunter pour financer la transition
« Les collectivités accélèrent leurs investissements favorables au climat, mais doivent plus que les doubler pour s’aligner avec les objectifs de la planification écologique », peut-on lire dans l'étude de l'I4CE. La tension entre les nécessités d'investissement et les ressources limitées pousse les collectivités à envisager sérieusement le recours à l'emprunt. Cette stratégie, bien que risquée, semble inévitable pour pallier le manque de fonds immédiats. François Thomazeau, de l'I4CE, souligne que l'environnement financier incertain n'aide pas à catalyser les projets essentiels à la transition écologique.
En complément, une réforme de la fiscalité locale apparaît comme un levier capital. Nicolas Garnier, de l'association Amorce, propose une fiscalité plus juste et incitative sur les aspects énergétiques, de l'eau et des déchets. Cette réforme viserait à aligner les intérêts économiques avec les impératifs écologiques, favorisant ainsi des investissements durables au niveau local.