Les effets du dérèglement climatique ne se limitent pas à l’augmentation des températures ou à la montée des eaux. Une étude récente, publiée dans la revue Nature Climate and Atmospheric Science et relayée par le Washington Post, met en lumière un phénomène préoccupant : la grêle. Alors que les tempêtes de grêle deviendront moins fréquentes à l’avenir, les grêlons qui en résulteront seront beaucoup plus gros et causeront des dégâts bien plus importants.
Des grêlons plus rares, mais bien plus dévastateurs
Selon l'étude dirigée par Victor Gensini, météorologue et professeur émérite à l’Université Northern Illinois (NIU), « la fréquence des grêlons de moins de 4 cm diminue en moyenne de 25 %, tandis que celle des plus gros grêlons augmente de 15 à 75 % selon les trajectoires des émissions de gaz à effet de serre » en raison de « forts courants ascendants ». L’étude souligne par ailleurs que ce seuil de quatre centimètres est critique. Victor Gensini explique en effet que les grêlons de cette taille tombent plus rapidement, mais surtout à une vitesse qui les empêche de fondre avant d'atteindre le sol.
Selon l'étude, cette dynamique est directement influencée par les conditions atmosphériques, et par conséquent, aux émissions de gaz à effet de serre : des couches de l'atmosphère plus chaudes favorisent la fonte des petits grêlons, tandis que les plus gros, plus massifs, survivent à cette fonte et atteignent le sol avec une force destructrice accrue.
Un impact économique et environnemental grandissant
L'augmentation de la taille des grêlons, et plus généralement du dérèglement climatique, a des répercussions économiques considérables et ces dernières ne cesseront d'augmenter. Comme l’a souligné Victor Gensini auprès du Washington Post, « les tempêtes de grêle sont déjà les catastrophes météorologiques les plus coûteuses liées aux orages violents, surpassant même les tornades en termes de dégâts. Nous avons enregistré plus de 100 milliards de dollars de pertes aux États-Unis au cours des 18 derniers mois, la majorité étant attribuée à la grêle ».
Et comme le souligne l'étude, bien que les chutes de grêle tendent à être moins fréquentes, les dommages qu'elles causeront seront amplifiés par la taille croissante des grêlons. Ce constat est particulièrement préoccupant pour les assureurs et les secteurs économiques vulnérables, tels que l'agriculture et l'automobile.
Une nécessité urgente de mieux comprendre et anticiper
Malgré les avancées de cette étude, de nombreuses questions restent en suspens. Les chercheurs appellent à une meilleure compréhension des mécanismes qui conduisent à la formation de ces gros grêlons et à l'amélioration des prévisions pour mieux anticiper les risques.
Dans cette optique, Victor Gensini a évoqué au Washington Post une prochaine campagne de recherche, la plus vaste jamais menée sur le sujet, intitulée ICECHIP, prévue pour 2025.