Les pays occidentaux ont tous mis en place des interdictions de fumer dans les lieux publics avec succès. Mais en Chine, ces interdictions sont restées lettre morte. 5 ans après la signature d’un accord cadre avec l’OMS, …
738 millions de fumeurs passifs, la lutte est dure contre la cigarette
Les pays occidentaux ont tous mis en place des interdictions de fumer dans les lieux publics avec succès. Mais en Chine, ces interdictions sont restées lettre morte. 5 ans après la signature d’un accord cadre avec l’OMS, le nombre de fumeurs ne baisse pas, et les experts estiment à plus de 700 millions le nombre de fumeurs passifs…
De bonnes intentions
La Convention-cadre pour la lutte antitabac signée par la Chine auprès de l’OMS dès 2003, est entrée en vigueur le 9 janvier 2006. Selon les termes de la convention, après 5 ans de mise en application, les pays signataires devraient avoir mis en place l’interdiction de fumer dans les lieux publics intérieurs, les espaces de travail et les transports en commun. La Chine, ses provinces et ses villes ont certes légiféré dans les temps. Mais le résultat est à peu près nul.
Le 6 janvier, le centre de contrôle des épidémies a organisé un événement à l’occasion de la parution de son rapport 'lutte antitabac et avenir de la Chine'. Avec des chiffres frappants : 300 millions de fumeurs, 738 millions de fumeurs passifs. Avec plus d’un milliard de personnes touchées par les méfaits du tabac, record du monde garanti!
Autre constat amer, le peu d’importance accordé au sujet par les autorités. Jinan, capitale du Shandong, a ainsi légiféré très tôt, interdisant de fumer dans les espaces publics il y a 15 ans. Mais aucune amende n’a encore été infligée à des fumeurs ne respectant pas la loi ! Pareil à Wuhan, qui a légiféré il y a 5 ans. Les fumeurs chinois seraient-ils si obéissants ? La police a surtout d’autres tâches plus urgentes.
Lutte à demi-mot
Si les interdictions ne fonctionnent pas, pourquoi ne pas utiliser le levier des prix ? Ce n’est pas faute d’avoir essayé. Les taxes sur les cigarettes ont été augmentées l’année dernière. Sans aucun effet sur les prix au consommateur. Les fabricants ont tout simplement rogné sur leur marge, ce qui prouve que le business est très lucratif.
Hu Angang, professeur au département gestion de l’université de Tsinghua, propose de faire du contrôle antitabac une cause nationale.
La lutte antitabac devrait être inscrite au douzième plan quinquennal. Les autorités ont formulé le vœu d’améliorer la sécurité publique pendant les 5 années qui viennent. La lutte antitabac est une mesure concrète qui peut y contribuer. D’autre part, en planifiant les travaux, on peut donner le temps aux grosses sociétés de tabac d’organiser leur mutation d’un domaine néfaste à un domaine favorable à la cause publique. Cela correspond encore à un souhait fort de l’administration, celui d’organiser la mutation de notre économie vers une structure plus moderne.
Sans savoir que fumer peut entraîner la mort
Il reste du travail, avant tout pour sensibiliser la population. Le centre de contrôle des épidémies a conduit des enquêtes détaillées avant la publication de son rapport. Notamment des interviews à la sortie des hôpitaux. Pendant un an, des milliers de fumeurs en sortie d’hospitalisation ont été interrogés :
Les médecins vous ont-ils indiqué que fumer est une cause probable de vos ennuis de santé ?
Réponse : 60% d’entre eux déclarent que leur médecin n’a absolument pas évoqué le sujet, 70% n’ont pas reçu d’incitation à arrêter de fumer. Et 90% des fumeurs déclarant avoir essayé d’arrêter de fumer n’ont reçu aucune orientation ou conseil, entraînant une rechute presque systématique. La petite mention 'fumer nuit à la santé' inscrite en bas des paquets de cigarettes chinois ne semble donc pas suffisante pour inciter les fumeurs à prendre en main leur santé !
Pour en savoir plus, jfdaily.com