Jatropha Curcas ! Derrière ce nom barbare se cache une plante qui suscite de nombreux espoirs dans le secteur de la production de biocarburants. Ce qui la distingue de ses concurrentes ? Elle se …
les biocarburants du désert d’Arica
Jatropha Curcas ! Derrière ce nom barbare se cache une plante qui suscite de nombreux espoirs dans le secteur de la production de biocarburants. Ce qui la distingue de ses concurrentes ? Elle se développe à merveille sur les sols semi-arides, là où aucun autre oléagineux ne pourrait pousser. Ses fruits et ses feuilles ne sont comestibles ni pour l’homme, ni pour les animaux. Résultat : elle n’entre pas en compétition avec les cultures destinées à l’alimentation, et les Chiliens rêvent déjà de la cultiver dans les zones désertiques du pays.
Les chercheurs de la Faculté des Sciences Agronomiques de l’Université de Tarapacá, au nord du Chili, vont procéder à une évaluation de la culture de Jatropha à grande échelle pour la production d’huile. Dans la région d’Arica et Parinacota, l’une des plus sèches au monde, six serres ont été construites sur les 10 hectares consacrés à cette expérience.
Une excavatrice a été nécessaire pour briser la croûte saline stérile extrêmement dure et creuser les 3 600 trous qui accueilleront bientôt les jeunes plants de jatropha. Il a aussi fallu mettre en place un système d’éoliennes et de panneaux solaires, afin de fournir l’électricité nécessaire à l’arrosage automatique des plantations.
Le jatropha est une plante originaire du Mexique, mais qui est cultivée à l’heure actuelle dans de nombreux pays. La variété utilisée par les chercheurs chiliens provient du Brésil, d’où ils ont ramené 65 kilos de graines. Après avoir obtenu de jeunes pousses, il a fallu vérifier si elles pourraient supporter l’eau de la région, extrêmement chargée en bore. Les résultats sont concluants, et les jatrophas sont sur le point d’être transplantés vers leur emplacement définitif. Dans le même temps, une station agrométéorologique a été installée sur le site.
Un arbuste de Jatropha produit chaque année entre 1 et 4 kilos de graines, contenant jusqu’à 39% d’huile. Cette dernière présente naturellement des caractéristiques très proches de celles du diesel. Chaque plante peut vivre jusqu’à 50 ans et nécessite très peu d’eau pour sa croissance. Les chercheurs espèrent obtenir des rendements compris entre 1 500 et 1 900 litres à l’hectare.
Cette initiative a pu voir le jour grâce au soutien du Fonds pour l’Innovation du gouvernement régional, qui finance ce projet à hauteur de 103 millions de pesos (150 000 euros). Selon Eugenio Doussolin, directeur du projet, plusieurs entreprises internationales attendent déjà avec impatience les résultats de l’expérience : le jatropha réussira-t-il à faire verdir le désert ?