Derrière son image patriotique vendue à la télévision, l’ancienne entreprise publique Vale do Rio Doce, aujourd’hui multinationale, collectionne les accusations pour ses atteintes au droit du travail et à l’environnement.
Vale, trop de sang versé dans les mines
Derrière son image patriotique vendue à la télévision, l'ancienne entreprise publique Vale do Rio Doce, aujourd'hui multinationale, collectionne les accusations pour ses atteintes au droit du travail et à l'environnement.
Pérou, 2006 : le leader des paysans José Lezma Sánchez est abordé par 3 hommes armés, frappé et menacé de mort s'il persiste dans ses actions contre l'entreprise minière. Il s'opposait, à l'époque, à l'installation d'une mine dans sa région de Cajamarca.
D'autres leaders syndicaux confirment les méthodes de Vale : chantage et subordination, puis recours aux milices armées dans un deuxième temps.
Mozambique, 2007 : Vale déplace un village de 1300 personnes afin d'exploiter une mine sur 35 000 hectares, à Moatize. Les familles, vivant de l'agriculture, sont envoyées sur des terres peu fertiles et logées dans des maisons de mauvaise qualité. Pire, Vale exhume les corps des 2 cimetières du village, piétinant les traditions ancestrales de ces gens. Les emplois offerts par l'entreprise sont précaires, les repas fournis provoquent allergies, douleurs...
Vale bénéfice d'un contrat d'exploitation de 35 ans, sans aucun transfert de technologies, sans contreparties sociale et écologique. Ceci laisse à penser que dans 35 ans, après avoir partagé les bénéfices avec ses actionnaires, Vale abandonnera la zone, y laissant des trous béants à une population exploitée et spoliée.
Nouvelle Calédonie, 2006 : Vale, associée au canadien Inco, construit un canal afin d'acheminer les résidus de ses extractions minières du fond de l'océan, qui viennent ensuite contaminer une forêt riche d'arbres centenaires. Un comportement néo-colonialiste aux yeux des Kanaks qui ne perçoivent pas un centime de cette exploitation de leurs terres.
Tous ces cas dévoilent le vrai visage de la multinationale brésilienne Vale SA, 1ère entreprise minière du monde, avec 27 sociétés opérant dans 30 pays. Loin des clichés relayés par la publicité, Vale est une entreprise contrôlée par des banques et des fonds de pension, dont le but est l'exploitation maximale des ressources avec un minimum de dépenses. Élue multinationale la plus rentable au monde ces 10 dernières années par le groupe BCG, elle vaut aujourd'hui 140 milliards US$. Privatisée pour 3 milliards de US$, elle a déjà généré 49 milliards US$ de bénéfices, ce qui constitue, pour ses détracteurs, un hold-up scandaleux fait au patrimoine public.
Pour faire face à cette situation, en Avril, les 1ères Rencontres Internationales des populations atteintes par Vale ont eu lieu à Rio de Janeiro, au siège de la société.
Pendant 4 jours, 80 organisations du monde entier ont présenté leurs rapports sur les violations faites par Vale aux populations, aux travailleurs et à l'environnement. Deux caravanes ont sillonné le Brésil afin d'établir ces rapports et recueillir les témoignages des populations en contact direct avec les diverses exploitations.
On apprend ainsi que dans la baie de Sepitiba, à Rio, une future usine sidérurgique émettra 273 000 tonnes de polluants par an.
Par ailleurs, un rapport indique que, dans le seul État du Maranhao, 16,8 millions de tonnes de CO2 ont été rejetés dans l'atmosphère en 2008 pour une production de 346 millions de tonnes de minerais. Cette même année, Vale aurait été responsable de 9 morts et de 2 860 accidents de travail...
Le rapport des ces rencontres internationales a également mis en lumière les graves problèmes de santé publique dus à la pollution générée par les usines sidérurgiques de Vale. Le village de Piquiá, au nord du Brésil, subit à lui seul les rejets de 5 usines. Les poussières de minerai et de charbon végétal contaminent tout : fleuves comme poumons ! Lors du passage de la caravane dans leur village, les habitants ont ramassé les poussières accumulées sur les toits de leurs maisons et se sont frappés la poitrine de leurs mains noires de suie, en signe de protestation d'un peuple qui souffre et qui crie Vale, maintenant, ça suffit !