Le quartier traditionnel de Ipiranga à São Paulo est en train de disparaître sous la pression immobilière. Rien que dans la rue Bom Pastor, on compte 23 vieilles habitations délaissées, prêtes à laisser leur place à des tours résidentielles modernes.
São Paulo et ses quartiers ‘à vendre’
Le quartier traditionnel de Ipiranga à São Paulo est en train de disparaître sous la pression immobilière. Rien que dans la rue Bom Pastor, on compte 23 vieilles habitations délaissées, prêtes à laisser leur place à des tours résidentielles modernes.
Sa peinture rouge décrépie , sa boîte aux lettres débordant de vieux courriers et prospectus, sa plaque 'à vendre' au-dessus de la porte : la grande maison coloniale de la rue Bom Pastor semble se maintenir hors du temps. Et pour cause, elle est désormais à ranger aux rayons des souvenirs d’un quartier qui a perdu son âme. Ipiranga, au Sud de la capitale pauliste, c’est la quartier de la Proclamation de le République, des industries, des monuments classiques, des luxueux petits palaces de la famille Jafet, du barbier du Président Lula et du traiteur qui vend depuis 55 ans la plus célèbre soupe de piranhas de la région.
C’est un autre quartier aujourd’hui, très mouvementé, beaucoup de camions, mais il n’y a plus autant de vie qu’il y avait avant, dit Roberto Michael de Jesus, 72 ans, un petit Monsieur qui est né à Ipiranga et se refuse à en partir. L’autre jour, ils ont démoli une maison au coin de la rue, quel dommage… Je me souviens même de celui qui y habitait, c’était un médecin qui aidait tout le monde dans le voisinage.
Le quartier de 30 km2, aujourd’hui cible prioritaire des promoteurs immobiliers, donne l’impression d’être 'à vendre'. Si on se base sur les données du Secrétariat à l’Habitat, 18 demandes de permis de construire pour des tours d’immeubles résidentiels ont déjà été délivrées entre Janvier et Juin. Ce qui fait de Ipiranga le 2ème quartier le plus actif derrière Lapa, et loin devant certains quartiers qui trustaient les premières places il y a encore quelques années, mais qui sont désormais saturés. En étudiant attentivement ces données du Secrétariat à l’Habitat, on peut cartographier l’expansion future de São Paulo. Elle se dirige vers des quartiers ouvriers, en bordure de la ligne ferroviaire, et vers des zones qui seront à terme desservies par le métro.
Ces grands projets se dressent sur les ruines de l’industrie textile qui a peu à peu quitté la ville ces vingt dernières années. Le prix du mètre carré va de 1 200 à 2 000 R$ (520 à 860 euros), soit moitié moins que dans les quartiers adjacents. Et l’expansion n’est pas prête de s’arrêter. Une étude du Département d’Urbanisme de la Préfecture a évalué à près de 1 million de m2 la surface encore disponible pour la construction de logements d’ici à 2012.
L’ impact est ressenti par les habitants, parce que la qualité de vie a diminué un peu à cause du trafic et du bruit, dit Pedro Costa, patron d’un bar proche du Musée de Ipiranga. Je crois que, pour les promoteurs, les maisons d’ici sont juste des vieilles maisons. Pour nous, elles sont un morceau de notre identité et de notre histoire.
Chiffres
430 000 paulistes habitent le quartier de Ipiranga, taux de croissance annuel 2,8%
250 000 R$ (100 000 euros) : prix moyen d’un appartement neuf de 2 chambres dans le quartier
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