L’agro-business brésilien se met en danger en adoptant les pires pratiques socio-environnementales et en ignorant les avancées en matière de développement durable déjà appliquées dans le monde entier.
la stratégie auto-destructive de l’agriculture, un suicide annoncé ?
L'agro-business brésilien se met en danger en adoptant les pires pratiques socio-environnementales et en ignorant les avancées en matière de développement durable déjà appliquées dans le monde entier.
Le Brésil est le plus gros importateur de produits toxiques - bannis aux États-Unis et dans l'Union Européenne - particulièrement nocifs, notamment pour l'eau. Par exemple, les importations d'endosulfan sont en hausse. L'an dernier, le Brésil a importé 2,37 tonnes de ce produit associé à des problèmes endocriniens.
Ces produits toxiques laissent des traces dans les aliments. Ils polluent nappes phréatiques et fleuves, et contribuent à marquer le made in Brasil d'un sceau de mauvaise qualité.
L'époque où il faisait bon valoriser l'exportation de produits manufacturés est révolue. Aujourd'hui, la haute technologie a investi le marché agricole. Vendre des commodities est devenu une preuve de progrès technique. Cependant, ces avancées génétiques, nutritionnelles, chimiques, n'ont pas été suivies de progrès dans les pratiques sociales et environnementales.
Certains secteurs comme le soja, sous la pression des acheteurs internationaux, ont amélioré leurs pratiques en adoptant des moratoires pour réduire la déforestation.
D'autres n'ont pas encore appris la leçon. C'est la cas de la filière bovine, malgré les avertissements des grandes chaînes de supermarchés, qui ne veulent plus acheter de viande à l'origine non-certifiée. Récemment les exportations de viande vers les États-Unis ont été suspendues par Washington pour cause de non-respect des normes sanitaires, et notamment l'utilisation d'un vermifuge nocif pour la santé, l'ivermectina. Idem pour le cuir, qui doit prouver qu'il ne contribue pas à la destruction de la forêt amazonienne s'il veut continuer à se vendre aux grandes marques mondiales de l'habillement.
L'industrie agricole brésilienne est une success story indéniable ; sa participation à la balance commerciale excédentaire du pays en est la preuve. Pourtant les bases du succès semblent compromises, entachées des pires pratiques socio-environnementales.
Les producteurs, et leurs puissants lobbies, œuvrent contre les réformes touchant à la déforestation, l'usage d'engrais toxiques ou la protection sociale des travailleurs. Sur ce thème, les résultats des inspections sont affligeants. Entre 2003 et 2009, 30 000 employés exploités ont été dénombrés. Leurs conditions de travail sont proches de l'esclavage : pas d'accès à l'eau potable, pas de premiers secours en cas d'accidents, pas de toilettes dans des logements mixtes, aucune indépendance pour les familles.
Le lobby agricole fait le choix du bénéfice à court terme sans voir le désastre économique qui se profile. Ne pas choisir le chemin du développement durable aujourd'hui, c'est prendre le risque d'être considéré comme un paria de l'économie globalisée. Ainsi , s'appuyer sur une absence de régulation de la loi brésilienne pour ne pas adopter une posture responsable est révélateur de la mentalité rétrograde du chef d'entreprise moyen au Brésil.
Cette attitude pourrait condamner le secteur à moyen terme. Car le consommateur dicte plus que jamais la tendance. Qualité et transparence font partis de ses exigences. Si les rappels à l'ordre des produits brésiliens continuent, la perte de parts de marché augmentera en affectant toujours plus l'image de qualité. Est-ce vraiment cela le projet de l'agriculture brésilienne ?