On dénombre aujourd’hui 133 espèces de poissons menacées au Brésil. Mais, une étude publiée récemment affirme que 819 types de poissons courent le risque de disparaître des rivières …
Belo Monte et le risque d'extinction des poissons du fleuve Xingu
On dénombre aujourd'hui 133 espèces de poissons menacées au Brésil. Mais, une étude publiée récemment affirme que 819 types de poissons courent le risque de disparaître des rivières brésiliennes.
Paulo Buckup, un des chercheurs ayant participé à cette étude, nous explique les menaces qui pèsent sur la faune aquatique au Brésil, notamment à cause des grands projets de barrages comme celui de Belo Monte en Amazonie.
Selon lui, la majorité des espèces menacées sont présente en eau douce : soit parce que leur capacité de reproduction est limitée, soit parce que leur processus de migration dans les rivières a été affecté par l'intervention de l'homme.
Certaines espèces ne vivent que dans un bassin hydrographique spécifique. Plus ce bassin est petit, plus la menace de disparition est grande. La plupart de ces bassins sont en Amazonie, région où l'on trouve, par exemple, beaucoup de cascades qui abritent des espèces uniques qui ne s'adaptent pas à un autre milieu naturel.
Un des principaux problèmes vient de l'extraction de minerai qui affecte les rivières à plusieurs niveaux. Puis vient la pollution de l'eau et les barrages qui, quelle que soit leur taille, éliminent les habitats voire des rivières entières comme c'est le cas pour le projet de l'usine de Belo Monte. Ces projets créent des lacs artificiels et suppriment les courants d'eau faisant disparaître par conséquent les poissons migrateurs. Dans ces régions, il existe beaucoup de grands poissons, de plus d'un mètre, que vivent et dépendent des courants pour migrer, s'alimenter et se reproduire.
Il se trouve que le projet de l'usine hydroélectrique de Belo Monte se situe dans une des régions les plus riches de l'Amazonie en termes de biodiversité. Il y a des espèces qui n'existent que dans les fleuves Xingu et Tapajós.
Dans le Mato Grosso, la menace vient surtout de la culture intensive du soja et des nombreux petits barrages hydroélectriques. Dans le Sud du Pará, même si les indigènes réussissent à préserver des zones, la pression vient de la déforestation intense. Quand on élimine la forêt, on supprime la protection du bassin hydrographique.
Les études d'impact du projet Belo Monte sur le fleuve Xingu montre qu'il existe environ 30 à 40% d'espèces de poissons encore inconnues dans la région.
Nous courrons donc le risque de perdre des espèces que nous ne connaissons même pas. C'est peut-être le prix à payer pour le développement. Mais pour savoir quel est ce prix, il nous faut trouver le matériel génétique témoin de ces espèces afin de savoir ce qui aura été perdu, affirme Paulo.