Utilisée depuis la préhistoire grâce à la maîtrise du feu, la biomasse est aujourd’hui plus que jamais d’actualité. Le bois énergie, une des trois grandes familles de la biomasse, a pour objectif d’atteindre 23 % des énergies renouvelables en 2020.
La part de la biomasse dans la production mondiale d’énergie primaire ne cesse d’augmenter. Et pour cause ! Bien qu’exploitée depuis des millénaires, elle est considérée comme une source énergétique d’avenir. Selon les statistiques de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la consommation mondiale de biomasse et déchets représentait, en 2014, 1 413 millions de tonnes d’équivalent pétrole (Mtep), soit 10,3 % de la consommation mondiale d’énergie primaire. Les Etats-Unis étaient alors le premier producteur d’électricité issue de la biomasse (15,6 % du total mondial), suivis du Brésil (11,5 %), de la Chine (11,1 %) et de l’Allemagne (10,9 %).
Certes, le thermique à flamme reste la première source de production d’électricité dans le monde (67 % en 2013), devant l’hydraulique (16,6 %) et le nucléaire (10,6 %). Mais la biomasse, qui occupe la quatrième place dans le classement de l’AIE, progresse régulièrement depuis plus de 10 ans. Elle affichait ainsi la progression la plus importante (+ 17,9 %) parmi les sources de production d’électricité dans le monde en 2013 par rapport à 2012.
La biomasse comme source d’énergie inépuisable et propre
Et cette progression risque de s’accélérer dans les années à venir, tellement les atouts de cette source d’énergie renouvelable sont nombreux. En effet, la biomasse permet de produire de la chaleur et de l’électricité grâce à la combustion de matières organiques d’origine végétale ou animale. Elle peut dès lors être issue de forêts, milieux marins et aquatiques, haies, parcs et jardins, industries générant des co-produits, des déchets organiques ou des effluents d’élevage. En un mot, elle est tirée de tout ce qui vit, d’où son caractère pratiquement inépuisable.
La biomasse présente par ailleurs un bilan carbone neutre, car elle rejette une quantité de CO2 équivalente à celle que les végétaux ont utilisée durant leur période de croissance. Selon l’Ademe, la biomasse émet 20 fois moins de CO2 que le fuel et 10 fois moins que le gaz. Mais ce n’est pas tout : l’électricité d’origine biomasse est surtout produite localement, ce qui lui permet de répondre au problème de la gestion des déchets urbains ou agricoles.
Les centrales sont en effet situées près des sites de production de matière première ou de stockage de déchets. D’après EDF, plus de 45 % de l’électricité d’origine biomasse en France est produite à partir des déchets urbains renouvelables.
En France, le ministère de l’Environnement, de l’Energie et de la Mer prévoit un développement supplémentaire de la biomasse de l’ordre de 3 Mtep à l’horizon 2023. Jusque là sous-exploités, on estime qu'à cette même date, 20 millions de m3 de bois supplémentaires pourraient être mobilisables. Cette ressource devrait ainsi contribuer largement aux objectifs énergétiques et climatiques du pays.
Des investissements croissants prévus dans la biomasse
Et c’est Dalkia, filiale française d’EDF dédiée aux services énergétiques, qui est chargée de mener la barque. Avec plus de 460 sites utilisant de la biomasse, la société est le premier opérateur français de centrales fonctionnant au bois énergie. En 2012, Dalkia inaugurait la plus puissante centrale de production d’électricité et de vapeur à partir de biomasse en France à Facture-Biganos (Gironde). L’installation a notamment permis la création de 94 emplois directs et la mise en place d’une filière régionale d’approvisionnement en bois-énergie, selon le président de la société à l’époque, Franck Lacroix.
Mais d’autres exemples célèbres illustrent la volonté hexagonale d’investir dans la biomasse. En octobre 2016, la ville de Strasbourg inaugurait le réseau de chaleur Eco2Wacken, une unité de production de chaleur raccordée à des bâtiments collectifs via des canalisations sous l’espace public et la voirie. Des canalisations transportent de la chaleur sous forme d’eau chaude ou de vapeur et permettent d’avoir du chauffage et de l’eau chaude.
Selon Réseaux de chaleur urbains d’Alsace (RCUA), qui gère la chaufferie biomasse, celle-ci permettra d’éviter le rejet de plus de 7 000 tonnes de CO2 par an, soit l’équivalent des émissions de 3 500 véhicules ou de 6 000 logements. Strasbourg continue ainsi de diversifier les sources d’énergie tout en luttant contre le réchauffement climatique.
Alors que les ressources de bois énergie en France présentent un fort potentiel de développement au vu des gisements disponibles, les investissements dans l’énergie biomasse devraient être revus à la hausse. En respectant l’équilibre de la forêt, le développement de cette filière pourrait en outre contribuer à une certaine indépendance énergétique.