Depuis le 3 décembre 2024, le loup n’est plus classé comme une espèce « strictement protégée ». Cette décision, prise par les États membres de la Convention de Berne, traduit une nouvelle approche face à l’augmentation de la population de loups et les défis croissants pour les éleveurs.
Biodiversité : le loup, moins protégé en Europe
Un nouveau cadre réglementaire
Les États membres de la Convention de Berne, réunis à Strasbourg, ont voté pour reclasser le loup de « strictement protégé » à « protégé ». Cette décision, initiée par une proposition de l'Union européenne, vise principalement à réduire les tensions entre la préservation des loups et la protection du bétail, en contexte d'une population croissante de ces prédateurs. Le changement de statut prendra effet dans trois mois, à moins que 17 des États signataires ne s'y opposent.
Ce changement ouvre la voie à une gestion plus flexible de la population de loups, notamment en permettant un abattage plus aisé. Cela devrait aider les éleveurs, qui subissent depuis plusieurs années des pertes croissantes dues aux attaques sur leur bétail. Cependant, cette décision a aussi suscité des inquiétudes parmi les groupes de protection des animaux, craignant une mise en danger de la survie du loup.
Une population de loups qui a doublé
En dix ans, la population de loups en Europe a quasiment doublé, atteignant 20 300 individus en 2023. Ce boom démographique pose des défis considérables pour l'équilibre entre les activités humaines et la faune sauvage.
Le loup va désormais être moins protégé https://t.co/CLDp9UPvw9 pic.twitter.com/3K9PJz2eLI
— Le Soir (@lesoir) December 3, 2024
Les défenseurs de l'environnement expriment des préoccupations sérieuses quant à la pérennité de l'espèce. Le risque de fragilisation de la population de loups pourrait avoir des répercussions sur les écosystèmes locaux, où ils jouent un rôle clé de régulateurs naturels. Pendant ce temps, si moins d'un tiers des parties à la Convention s'oppose à la décision, elle entrera en vigueur uniquement pour les États qui n'auront pas formulé d'objections, laissant ainsi une marge de manœuvre sur la gestion de l'espèce à l'échelle locale.
Des autorisations de tirs plus facilement délivrées
Dans le cadre du nouveau Plan National d'Actions (PNA) 2024-2029, le gouvernement français a révisé les règlements concernant les tirs de défense contre les loups. Ce plan prévoit l'utilisation de caméras d'observation nocturne et la suppression de l'obligation d'éclairage pour les louvetiers, permettant ainsi une réponse plus efficace et adaptée aux réalités nocturnes des attaques. De plus, les procédures pour obtenir les autorisations de tir ont été accélérées : les autorisations peuvent désormais être délivrées en moins de 48 heures suivant une attaque. Ces mesures visent à mieux protéger les activités d'élevage tout en maintenant la protection de l'espèce lupine.
« J’ai voulu que le Plan National d’Actions 2024-2029 sur le loup et les activités d’élevage s’ancre pleinement dans le réel. Réalité scientifique : celle de la conservation de l’espèce qui est désormais assurée. Réalité vécue par les éleveurs : celle de l’augmentation des attaques de loups qui mettent en danger les activités d’élevage, en particulier le pastoralisme, mais qui aussi créent des tensions légitimes et entretient un sentiment d’abandon », a déclaré en février 2024 Marc Fesneau, ancien ministre de l'Agriculture dans des propos partagés par le site du Ministère de l'Agriculture, de la Souveraineté Alimentaire et de la Forêt.
Le nouveau cadre d'action met également l'accent sur l'amélioration des indemnisations pour les éleveurs victimes de prédations. Les barèmes d'indemnisation ont été revalorisés, augmentant de 33 % pour les ovins et de 25 % pour les caprins, soulignant ainsi une reconnaissance accrue des pertes économiques subies par les éleveurs. Par ailleurs, un article spécifique a été ajouté au projet de loi d'orientation et d'avenir agricole pour sécuriser l'utilisation des chiens de protection par les éleveurs, abordant des aspects tels que la responsabilité pénale et les nuisances sonores. Ces initiatives législatives et réglementaires démontrent une volonté de rééquilibrage entre la conservation des loups et la protection des activités d'élevage, dans un contexte d'augmentation des tensions entre les deux parties.