Le débat sur la Responsabilité Sociale d’Entreprise est toujours d’actualité au Canada, mais on ne voit que très peu de résultats et un gros besoin de changer les mentalités.
Bilan décevant pour la RSE
Le débat sur la Responsabilité Sociale d’Entreprise est toujours d’actualité au Canada, mais on ne voit que très peu de résultats et un gros besoin de changer les mentalités.
RSE: Késako ?
C’est le flou artistique sur la RSE au Canada. Personne n’est d’accord sur ce que cela inclut (sponsoriser des programmes éducatifs ou sportifs ? lutter contre l’esclavage des plus jeunes ?), et sur les devoirs réels des entreprises. Les entreprises développent facilement un projet, mais cela reste souvent à l’échelle locale.
Les récompenses et autres classements n’aident pas davantage. Ils mesurent les projets mis en place, et non les preuves de résultat. On peut prévoir de diminuer la corruption, réduire ses émissions à effet de serre, mais comment être sûr de l’impact réel atteint ?
Les groupes de soutien pour la RSE aimeraient une intervention plus forte du gouvernement. Et cela déplaît profondément aux entreprises, en particulier l’industrie minière. La Chambre de Commerce canadienne, porte-parole de 192.000 entreprises, n’approuve d’ailleurs pas le terme de RSE. L' "entreprise responsable" ou l’ "initiatives d’entreprise volontaires" sont préférés pour souligner l’aspect non obligatoire.
Un pays modèle à la traine
Au niveau mondial, le Canada est à la traîne. En 1993, il avait su montrer l’exemple pour l’industrie minière en rassemblant les industriels, le gouvernement, les groupes environnementaux et les indigènes afin de discuter des enjeux du secteur. Depuis, plus rien. En 2000, par exemple, plusieurs gouvernements, ONG et entreprises signaient les Principes volontaires sur la sécurité et les droits de l'homme, correspondant aux besoins de l’industrie minière canadienne. Mais le pays n’a signé les principes que neuf ans plus tard. Les groupes de soutien restent actifs, avec pour seul résultat d’augmenter les tensions avec les entreprises.
En 2010, le gouvernement a nommé un Conseiller pour la Responsabilité Sociale d’Entreprise, selon les recommandations des groupes de soutien. Il a pourtant ignoré les plus importantes qui demandaient un contrôle législatif. Malheureusement, le récent guide des Nations Unies pour les entreprises et les droits de l’homme clarifie les responsabilités des entreprises, mais ne recommande aucune régulation législative. Aucun progrès en 10 ans du point de vue des groupes de soutien.
A cause de la crise économique, les entreprises considèrent de nouveau que les profits sont leur priorité sociale. La solution selon Michael Porter et Mark Kramer, chercheurs à Harvard : réinventer le capitalisme pour récompenser les entreprises qui mettent leur intérêt et celui de la société en premier plan. Il faut aussi en finir avec le court-terme et le profit rapide au détriment du développement durable.