La relance d’un projet de construction d’une gigantesque centrale hydroélectrique, est jugé comme catastrophique par les défenseurs de l’Amazonie et va à l’encontre de toute logique écologique.
Belo Monte : le retour triomphal de la dictature?
La relance d’un projet, qui date de l’époque militaire (1964 à 1985), de construction d’une gigantesque centrale hydroélectrique, est jugé comme catastrophique par les défenseurs de l’Amazonie et va, selon eux, à l’encontre de toute logique écologique, économique et sociale.
Une vision rétrograde.
On ne peut pas remettre en cause les avancées du gouvernement Lula sur les questions sociales mais sa gestion des projets environnement est accablante.
Le projet de Monte Belo est un exemple de mentalité rétrograde digne du 19ème siècle. Ressorti des tirroirs où il avait été enfoui en 1989 suite aux protestations des indiens soutenus à l’époque par le chanteur Sting, ce projet est aujourd’hui devenu le symbole des grands travaux de construction du PAC (Programme d’Accélération de la Croissance).
Ce programme est relancé par des technocrates qui pensent encore que la nature est une immense source inépuisable de ressources que l’on peut exploiter à coups de travaux pharaoniques.
Mais ce projet constitue une grave offense à la forêt amazonienne et à ses peuples indigènes, il va à l’encontre de l’avis de tous les spécialistes nationaux et internationaux, et symbolise un modèle de croissance qui est aujourd’hui remis en cause à l’échelle mondiale.
Gigantesque, mégalomane et catastrophique : la construction de la centrale hydroélectrique de Belo Monte sur le fleuve Xingu, en forêt amazonienne, serait une immense absurdité. Elle prévoit d’inonder 51.600 ha de forêt, de dévier le fleuve en construisant 2 canaux de 500 m de large et 30 km de long, laissant 100 km de lit de rivière à sec, pour un coût estimé entre 17 et 30 milliards de reais (7 à 12 milliards d’euros). Il nécessiterait la venue de 80.000 travailleurs et le délogement de 20.000 indigènes.
Tout cela pour produire 11.233 MW d’énergie en saison des pluies (4 mois) et seulement 4.000 MW le reste de l’année ; énergie qu’il faudra ensuite transporter sur 5.000 km de distance.
Politique autiste.
Personne n’a été consulté sur ce projet, ni les populations locales, ni les experts environnementaux. Pire, les politiques qui ont osé s’opposer juridiquement au projet ont été menacés de poursuites par le Président de la République lui-même.
Les menaces qui pèsent sur l’équilibre de la forêt amazonienne sont ignorées, tout comme les conclusions scientifiques mondiales qui considèrent ce territoire comme un lieu de d'exploitation de produits naturels à haute valeur ajoutée, et non pas comme une simple source de production d’énergie électrique.
Il est encore temps de freiner cette construction monstrueuse, et d’éviter ainsi à Lula de rentrer dans l’histoire comme le spoliateur de l’Amazonie et le fossoyeur des peuples indigènes du fleuve Xingu.
Note sur l'auteur :
Leonardo Bloff est théologien, écrivain et conférencier. Il a enseigné au Brésil, en Europe et aux Etats-Unis (Harvard). Ardent défenseur de la cause des Droits de l’Homme et des plus faibles, il fut sanctionné par le Vacitan pour ses deux thèses sur la Théologie de la Libération. Il a écrit 60 livres dans les domaines de la Théologie, l’écologie, la spiritualité et l’anthropologie.