L’environnement est au cœur de la campagne présidentielle américaine de 2012. Barack Obama tente de séduire les électeurs en avançant sur le front vert. Gros plan.
Barack Obama voit vert
L’environnement est au cœur de la campagne présidentielle américaine de 2012. Barack Obama tente de séduire les électeurs en avançant sur le front vert. Gros plan.
Visite à l’EPA : une première en 4 ans
Peu de temps avant de rejoindre son quartier général de campagne, le président Barack Obama s’est rendu dans un lieu où il n'avait jamais été depuis son élection: l'Agence de Protection de l'Environnement (Environmental Protection Agency ou EPA). Pour un démocrate qui a remporté la Maison Blanche en partie grâce à un discours orienté vers l’écologie, Obama a mené une politique environnementale bien en-dessous de ses engagements.
Sa visite à l'EPA, le rejet du pipeline Keystone, le report constant du déploiement de la réglementation sur la pollution par le mercure et les normes d'efficacité énergétique automobile suggèrent que ces changements arrivent doucement alors que la campagne s’accélère. Et cela fonctionne. La plupart des associations américaines pour l'environnement voient Obama comme un allié, malgré ses promesses non tenues, et accueillent ses gestes verts en applaudissant.
Lors de sa visite à l'EPA il a été très bien reçu par les écologistes. Obama a souhaité seulement les remercier pour leur travail et apporter sa reconnaissance à l'agence pour avoir mené à bien son programme, malgré les attaques ciblées des républicains.
Réussira-t-il à convaincre?
Selon Steven Cohen, directeur exécutif de The Earth Institute à l'Université Columbia à New York, Obama prend peu de risque politique dans ces manœuvres vertes. Les électeurs américains qui s'identifient comme purs écologistes restent des petits groupes restreints, mais ceux qui se considèrent comme pro-environnement représentent environ 70% de l'électorat. La plupart des électeurs indépendants étant inclus dans cette catégorie:
Il ne réussira pas à convaincre les gens qu'il est plus pro-business que les républicains. Alors il essaye de créer une vision plus nuancée pour les indépendants et les écologistes.
Navin Nayak à la League of Conservation Voters juge les réalisations environnementales d’Obama remarquables malgré une résistance du Congrès et une économie en difficulté. Cette politique s’est renforcée durant les six derniers mois. Aussi Navin Nayak pense que l'administration Obama continuera de la mettre en avant s’il devait être réélu.
Pour lui, la campagne présidentielle pourrait voir Obama prendre des positions très fortes sur le plan environnemental afin de lui donner une image encore plus «verte».
Obama sur le front vert
Obama reconnait que la division du Congrès ne permet pas de lutter contre le changement climatique. Mais il demande aux membres de la Chambre des Représentants et du Sénat de:
Mettre en place, au moins, une politique pour l'énergie propre qui créera un marché pour l'innovation.
Cela pourrait être un positionnement stratégique pour une campagne électorale, explique Karlyn Bowman, qui traque les sondages d'opinion publique à l'American Enterprise Institute, un think tank basé à Washington.
Nous ne savons pas exactement quelle est l'ampleur du vote environnemental. Mais dans une campagne électorale proche, tout est important, et notamment l’appel aux votes écologistes.
Mr Bowman pense qu'Obama ne gagnera pas de voix républicaines en soutenant des projets pétroliers comme celui du Keystone. Il a plus à gagner en restant proche de ses idées écologiques. Obama peut aussi trouver un autre avantage cette année sur le front vert: une forte augmentation des électeurs qui ne se considéraient pas jusque-là comme des écologistes.
Frances Beinicke, président de la Natural Resources Defense Council, voit aussi un changement des mentalités. Les réactions à la marée noire qui a touché le golfe du Mexique, les préoccupations au sujet de la contamination des eaux des nappes due aux forages de gaz de schiste, ou l'inquiétude au sujet des risques de déversements d'hydrocarbures dans le cadre du projet de pipeline du Canada au Texas l'attestent.
Il y a des gens affectés par nos politiques énergétiques partout dans le pays. Ils n'ont jamais connu cela auparavant et ne s'attendaient pas à être des victimes de l'énergie ... Et ces gens disent, «Je ne suis pas un écologiste, mais ça m’est arrivé.»
Jeff Tittel, directeur du Sierra Club dans le New Jersey, voit une position renforcée dans l’environnement comme une bonne chose pour Obama. Les opposants de l'action environnementale «ne sont plus en phase avec le peuple américain».
Peut-être que la Maison Blanche est en train de comprendre que la plupart des groupes qui le critiquent sur son action environnementale sont en fait des sociétés de droite. Les mêmes qui l'attaquent sur tout le reste, comme les soins de santé ou le salaire minimum.