Permettre aux pauvres de s’autofinancer, tel est le pari réussi d’un économiste vénézuélien ayant mis au point un modèle de micro-crédit insolite, déjà implanté dans sept pays à travers le monde …
Avec le nouveau microcrédit, plus besoin des banques
Permettre aux pauvres de s’autofinancer, tel est le pari réussi d’un économiste vénézuélien ayant mis au point un modèle de micro-crédit insolite. Déjà implanté dans sept pays à travers le monde, il amène à se poser la question: les pauvres peuvent-ils prêter de l’argent ?
Accusé de spéculer sur le dos des pauvres en pratiquant des taux d'intérêt trop élevés, Mohammed Yunus, père spirituel du micro-crédit au Bangladesh, s'est vu contraint de quitter la Grameen Bank, qu'il avait fondée en 1983.
Il aura auparavant réussi à prouver que les pauvres étaient solvables, jetant ainsi les bases d'un système qui a déjà permis à 640 millions de personnes à travers le monde de bénéficier d'un prêt afin de d'essayer de sortir de l'extrême pauvreté.
Il a également inspiré à Salomón Raydán, un homme d'affaires vénézuélien diplômé de la London School of Economics, un nouveau système de prêt communautaire qui permet aux pauvres d'accéder au crédit sans l'aide des banques.
Yunus a démontré au monde qu'il était possible de financer les pauvres. Nous allons maintenant démontrer qu'ils peuvent s'autofinancer
, déclare-t-il. Le Vénézuélien ne cache pas son admiration pour Mohammed Yunus, mais estime que ce dernier a eu tort de recourir à la bancarisation et n'entend pas répéter les mêmes erreurs.
Salomón Raydán explique que le problème principal des pauvres n'est pas l'absence de revenus, mais leur irrégularité. Son idée consiste donc à créer des groupes de crédits baptisés Bankomunales au sein des communautés, capables d'apporter une aide économique aux membres nécessiteux, au moment où ils en ont besoin.
Au départ, tous les membres du groupe doivent contribuer à la création d'un fonds. Libre à chacun ensuite de demander un prêt, qu'il devra rembourser mensuellement. Ainsi, l'argent prêté et les intérêts (modiques) perçus restent au sein de la communauté. Basée sur la confiance mutuelle, cette initiative consolide les liens qui unissent les membres du groupe.
Pour Salomón Raydán, l'argent doit servir à générer un capital social. Il prône une rationalisation du système financier et souhaite que l'économie locale réussisse à combler les lacunes de l'économie globale.
À ceux qui le qualifient d'utopiste, Salomón Raydán répond par les chiffres : selon lui, les prêts sont remboursés dans 99% des cas, la totalité des bénéfices financiers profitent aux membres des Bankomunales.
Né à Anaco en 1956, cet entrepreneur social est à la tête de l'association Fundefir, qui dirige depuis 14 ans la création de groupes de micro-crédits autofinancés. Grâce au programme Globalizer de l’ONG Ashoka, son initiative a été appliquée avec succès dans plusieurs pays d'Amérique latine, ainsi qu’en Afrique et en Espagne.