Avec onze cas de brûlures répertoriés pour l’année 2010, les violences faites aux femmes en Argentine prennent un nouveau jour, atroce et inquiétant. L’augmentation de ce phénomène serait due au triste exemple donné par un musicien renommé …
Augmentation des violences domestiques et banalisation de la cruauté
Avec onze cas de brûlures répertoriés pour l’année 2010, les violences faites aux femmes en Argentine prennent un nouveau jour, atroce et inquiétant. L’augmentation de ce phénomène serait due au triste exemple donné par un musicien renommé dont la femme, brûlée à 50%, est décédée après 11 jours de coma.
Alors que l’ONU a consacré 2 de ses 8 Objectifs du Millénaire à la gente féminine, afin notamment de promouvoir l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes, peu nombreux sont les pays où l’on constate de véritables changements de mentalité.
À l’heure où tous les Argentins avaient encore en mémoire l’histoire tragique de Wanda Taddei, épouse de l’ex-batteur du groupe Callejeros, décédée le 21 février à la suite de ses brûlures après une dispute confuse avec le musicien, un cas similaire vient secouer l’opinion publique et rappeler que les violences conjugales constituent toujours un problème majeur en Amérique Latine.
Vendredi 28 janvier, une femme de 32 ans, de nationalité paraguayenne, n’a pas survécu à ses blessures et est décédée à l’hôpital des grands brûlés de Buenos Aires. Elle souffrait de graves brûlures sur 70% du corps, infligées par son mari. Au même instant, une autre jeune femme de 23 ans était internée en état grave à l’hôpital de San Martín de La Plata, brûlée à l’alcool. Sa mère et sa sœur accusent son conjoint, décrit comme 'violent et manipulateur'.
Pour atroces qu’ils soient, ces drames ne sont pas nouveaux et ont lieu régulièrement, partout dans le monde. Leur récente recrudescence en Argentine, en revanche, inquiète au plus haut point les organismes de lutte contre les violences faites aux femmes, persuadés que l’exemple extrêmement médiatisé du batteur du groupe de rock en est la cause. Les centres d’appel d’aide aux femmes battues signalent une augmentation des menaces liées à ce phénomène, telles que
Je vais t’asperger d’essence et te brûler vive.
ou
Tu vas finir comme Wanda.
Selon le rapport annuel de l’association civile Casa del Encuentro, 260 'féminicides' ont été recensés pour l’année 2010, soit une augmentation de 12,5% par rapport à 2009. Les femmes qui tombent sous les coups de leur conjoint sont poignardées, étranglées, tuées par balle, battues à mort et, de plus en plus souvent, brûlées vives.
En 2009, la Loi de protection intégrale pour prévenir, sanctionner et éradiquer la violence contre les femmes a été adoptée, mais les moyens manquent pour appliquer ce texte ambitieux. Le Bureau des Violences domestiques de la Cour suprême de justice a reconnu l’ampleur du problème en signalant qu’en 2010, 40% des assassinats commis sur des femmes étaient le fait de la violence machiste.