Sans même le savoir, des millions de personnes consomment chaque jour de l’arsenic et s’exposent à diverses pathologies. Très présent dans l’eau potable des zones rurales, ce poison inodore et incolore peut être éliminé grâce à des méthodes simples.
Arsenic, l’assassin invisible présent dans la nature
Sans même le savoir, des millions de personnes consomment chaque jour de l’arsenic et s’exposent à diverses pathologies. Très présent dans l’eau potable des zones rurales, ce poison inodore et incolore peut être éliminé grâce à des méthodes simples.
Des eaux souterraines empoisonnées
Poison mortel rendu célèbre par les légendes circulant autour de la famille Borgia au Moyen Âge, l’arsenic fait encore des victimes de nos jours. Arraché à la roche par l’eau souterraine, on le retrouve dissout dans les nappes phréatiques.
Les concentrations dépendent de la nature des sols et varient fortement d’un pays à l’autre, atteignant dans certaines régions des niveaux extrêmes.
Dans les plaines argentines de la Pampa et du Chaco, la dose maximale de 0,01 mg par litre recommandée par l’OMS est parfois multipliée par 10 000.
La chimiste Marta Litter, experte en contamination de l’eau à la Commission nationale à l’énergie atomique argentine (CNEA), signale que dans cette région les eaux souterraines présentent des niveaux d’arsenic compris entre 0,3 et 1 mg par litre.
La zone de risque maximal s’étend sur une partie des provinces de Buenos Aires, de Córdoba et de Santa Fe, mettant en péril la santé de près de 4 millions de personnes.
Des symptômes durs à déceler
Si ces concentrations sont insuffisantes pour provoquer la mort immédiate, elles sont néanmoins responsables de maladies qui resteront invisibles durant de nombreuses années.
La peau et les ongles sont les premiers touchés, mais à long terme, l’arsenic peut provoquer des cancers et perturber le système nerveux central.
Pays d’élevage par excellence, l’Argentine compte des millions de bovins touchés par cette contamination invisible. Les troubles dont souffrent les vaches affectent la production de viande et de lait. Cependant, aucune accumulation d'arsenic n'est constatée dans leurs tissus rendant ces produits propres à la consommation.
Il n’existe aucun remède contre les symptômes provoqués par l’empoisonnement à l'arsenic. C'est pourquoi la prévention constitue la seule mesure efficace.
La technique du fil de fer
Dans les grandes villes, les usines de potabilisation se chargent de réguler sa concentration à l’aide de filtres. En revanche, l’eau de puits consommée en zone rurale est fréquemment surchargée en arsenic et impropre à la consommation.
Avec l’aide de scientifiques du Centre national d’investigations scientifiques et techniques (CONICET), Marta Litter a développé une méthode de purification simple, ne nécessitant qu’une bouteille en plastique et un bout de fil de fer:
« Lorsqu’il est exposé au soleil, le fil de fer transforme l’arsenic en oxyde de fer, qui n’est pas toxique et peut-être filtré facilement. »
L’équipe de chercheurs met au point un système permettant de solidifier l’arsenic pour le séparer de l’eau. D’autres scientifiques s’intéressent à des plantes flottantes capables d’absorber cet élément chimique.
La priorité doit aller aux campagnes de sensibilisation, afin que les personnes concernées soient informées des dangers que représente ce poison incolore, inodore et insipide.