Si le tabac tue, il fait aussi vivre des centaines de milliers d’agriculteurs, partout sur la planète. Faut-il, comme le préconise l’OMS, diminuer les surfaces cultivées pour combattre cette dépendance mortelle ? Pour l’Association internationale des producteurs de tabac, réunis en Argentine, l’idée est absurde.
Faut-il arrêter de cultiver du tabac ?
Si le tabac tue, il fait aussi vivre des centaines de milliers d’agriculteurs, partout sur la planète. Faut-il, comme le préconise l’OMS, diminuer les surfaces cultivées pour combattre cette dépendance mortelle ? Pour l’Association internationale des producteurs de tabac, réunis en Argentine, l’idée est absurde.
30 millions de travailleurs sont concernés
« Il est absurde de penser qu’en obligeant les planteurs à arrêter de cultiver du tabac on réussira à diminuer la consommation des produits dérivés. »
C’est l’une des conclusions de l’Association internationale des producteurs de tabac (ITGA), qui estime que les planteurs risquent de faire les frais des politiques internationales de lutte contre le tabagisme.
Dans sa Convention cadre pour la lutte antitabac (COP-5), l’Organisation mondiale de la santé suggère en effet « la congélation ou la réduction des surfaces plantées, l’élimination des mécanismes de soutien financier et technique pour les producteurs et la fin des prix d’achat minimums ».
Selon l’ITGA, ces mesures mettraient en péril l'activité d’un secteur important de l’économie mondiale, qui fait vivre 30 millions de cultivateurs et de travailleurs. Chaque année, les membres de l’ITGA produisent 4,5 millions de tonnes de tabac, soit environ 85 % du tabac commercialisé.
Chercher des alternatives durables est nécessaire
C’est en Argentine, grand producteur de tabac à l’échelle mondiale, que l’ITGA avait choisi d'organiser son sommet. Venus d’Amérique du Nord et du Sud, d’Europe, d’Asie et d’Afrique, les planteurs ont exprimé leur indignation face aux directives de l’Organisation mondiale de la santé :
« Les ambitions de l’OMS sont totalement coupées de la réalité, car on tente de réduire les surfaces sans chercher d’alternatives et sans que soit précisé comment aura lieu la reconversion et avec quel argent. »
Selon Jorge Néstor, président de l’ITGA, l’impact de cette politique sur les pays producteurs les plus pauvres n’a pas été pris en compte :
« Dans certains pays africains, 65 % des recettes sont des devises ou des impôts provenant du tabac. Il est nécessaire de prendre en charge la recherche d’alternatives durables et de ne pas laisser toutes ces régions livrées à elles-mêmes. »
L’ITGA mobilise ses troupes au maximum, alors que l’OMS prépare une réunion à Séoul en novembre prochain, au cours de laquelle elle espère faire approuver la réduction des plantations de tabac.
Selon l’Organisation mondiale de la santé, les maladies liées au tabagisme devraient provoquer 6,4 millions de décès au cours de l’année 2015, soit 10 % du total mondial.