Les forêts de la province de Santiago del Estero ne valaient pas grand-chose face aux profits que peut générer la monoculture de soja transgénique. Mais dans cette région aride du nord de l’argentine, les sols perdent rapidement leur fertilité. Au bout de quelques années, les terres devenues stériles sont alors laissées …
une oasis au milieu du désert
Les forêts de la province de Santiago del Estero ne valaient pas grand-chose face aux profits que peut générer la monoculture de soja transgénique. Mais dans cette région aride du nord de l’Argentine, les sols perdent rapidement leur fertilité. Au bout de quelques années, les terres devenues stériles sont alors laissées à l’abandon. Mais à Colonia El Simbolar, les habitants n’ont pas baissé les bras et montrent qu’il n’est jamais trop tard pour récupérer les sols dégradés.
Comme l’explique Sonia Ramírez, la coordinatrice du projet lancé à Colonia, il s’agit toutefois d’un processus long, difficile et très coûteux. Ces obstacles ne l’ont pas découragée, et près d’une centaine de petits producteurs agricoles locaux l’ont rejoint afin de participer à un programme de reforestation.
L’objectif consiste à planter des Prosopis alba (ou caroubiers blancs), une espèce d’arbre originaire de la région, sur une zone dégradée couvrant 2 000 hectares.
Le projet est en bonne voie, avec déjà 1 900 hectares replantés et des arbres atteignant presque 2 mètres. Pour cela, il a fallu non seulement produire les arbrisseaux, mais également préparer le sol, procéder à la plantation et surtout entretenir les cultures.
Un travail laborieux, mais des résultats qui sont là : les sols montrent déjà les signes d’une excellente récupération évaluée en mesurant la quantité de matière organique qu’ils abritent.
Dans la province de Santiago del Estero, la culture du soja a fait perdre au couvert forestier près de 1 million d’hectares de forêts natives depuis 1992. L’utilisation de semences OGM résistantes au glyphosate (Roundup) permet en outre l’utilisation massive de ce puissant herbicide, accentuant encore la dégradation des terres.
Exposés au climat aride du nord de l’Argentine, ces sols fragiles sont rapidement devenus incultivables, obligeant des milliers de paysans et de petits producteurs à abandonner leurs terres.
La luxuriance des forêts tropicales du nord-est argentin et l’extrême fertilité des terres de la pampa ont tendance à faire oublier que près de 75 % du territoire argentin est composé de zones arides, semi-arides ou subhumides sèches, extrêmement vulnérables à la déforestation.
C’est dans ces circonstances qu’en 2006, est né le projet de reforestation à Colonia El Simbolar. Son objectif est de lutter contre la désertification et d’atténuer le réchauffement climatique en permettant le stockage de dioxyde de carbone dans le sol et dans la masse forestière. Il vise aussi à protéger la biodiversité en utilisant uniquement des espèces locales pour la reforestation et à améliorer les conditions de vie des communautés locales. Il pourrait être appliqué à d’autres zones sévèrement touchées par la désertification en Amérique Latine et dans le monde.
Le projet cherche à intégrer le Mécanisme de Développement Propre, un outil élaboré dans le cadre du protocole de Kyoto, dont le but est de réduire les émissions de gaz à effet de serre au niveau mondial en permettant la vente de crédits-carbone. Les coordinateurs du programme espèrent qu’il sera possible de stocker environ 324 000 tonnes de CO2 dans la plantation en 20 ans. L’entretien des forêts permettra également de produire du bois d’ici quelques années.
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