Tour à tour considérée comme bien collectif, ressource naturelle ou marchandise, l’eau s’annonce comme l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle. El Agua globalizada (L’eau mondialisée) est un ouvrage pluridisciplinaire qui entend contribuer à une ‘réunification’ des thématiques qui lui sont associées. Il nous …
Un livre pour mieux comprendre les défis de l’eau
Tour à tour considérée comme bien collectif, ressource naturelle ou marchandise, l’eau s’annonce comme l’un des enjeux majeurs du XXIe siècle. El Agua globalizada (L’eau mondialisée) est un ouvrage pluridisciplinaire qui entend contribuer à une 'réunification' des thématiques qui lui sont associées. Il nous donne un aperçu des défis que devront relever nos sociétés pour permettre l’accès du plus grand nombre à l’eau potable.
L’eau est au centre de nombreuses interdépendances, et voit converger les politiques publiques, la culture, l’administration, la géographie, l’hydrogéologie… C’est pourquoi le grand problème qui se pose à l’heure actuelle est celui de l’intégration de toutes ces connaissances, affirme son auteur, Graciela Schneier-Madanes.
Née en Argentine, cette architecte et géographe est également directeur de recherche au CNRS (programme 'rés-eau-ville') et directeur d’études à l’Institut des hautes études de l’Amérique latine (IHEAL, université Sorbonne Nouvelle).
Graciela Schneier-Madanes est venue à Buenos Aires pour y présenter son livre, qui réunit des études techniques, d’urbanisme et de sciences sociales, au fil d’exemples provenant de 4 continents (Europe, Amérique latine, Afrique et Asie).
Selon elle, les problèmes de gestion de l’eau rencontrés dans les mégapoles ne pourront être résolus qu’en considérant conjointement plusieurs aspects généralement traités de manière distincte, comme la gestion de la ressource et la potabilisation ou le traitement des eaux usées par exemple.
La spécialiste souligne la complexité d’un système gouverné par des intérêts multiples : ceux des usagers, des entreprises, des pouvoirs publics et des agriculteurs. À ces différents facteurs, s’ajoutent les effets du changement climatique, qui viennent aggraver les problèmes de sécheresses et d’inondations.
Graciela Schneier-Madanes explique que 87 % de la consommation d’eau douce est destiné à l’irrigation des cultures. En tant que producteur agricole majeur au niveau mondial, l’Argentine est donc une grande exportatrice d’eau 'virtuelle', qui n’est comptabilisée nulle part. La chercheuse souligne que l’accès à l’eau est avant tout un problème de politiques publiques et de décisions économiques. D’une part parce que d’importantes réserves d’eau existent généralement dans les zones où les populations n’y ont pas accès, et d’autre part parce qu’il suffirait bien souvent de mieux administrer cette ressource pour faciliter sa distribution.
On apprend ainsi que les habitants de la capitale argentine consomment en moyenne 370 litres d’eau par jour, soit plus du double des quantités utilisées dans les grandes villes européennes, comme Paris, où chaque habitant n’a besoin que de 150 litres d’eau par jour.
L’eau mondialisée est également disponible en français aux éditions La Découverte, 2010.