Un grand recensement des déplacements au Portugal montre qu’environ un quart des émissions des transports se produit quand les Portugais vont au travail ou à l’école.
Aller au travail ou à l’école libère 6.100 tonnes de CO2 dans l’atmosphère
Un grand recensement des déplacements au Portugal montre qu’environ un quart des émissions des transports se produit quand les Portugais vont au travail ou à l’école.
Une réalité complexe
A Barreiro, chaque travailleur ou étudiant, en sortant de son domicile, ajoute en moyenne dans l’atmosphère 1,5 kg de C02 – le principal responsable du réchauffement climatique. C’est la ville au taux d’émission le plus élevé au Portugal. Paradoxalement, elle est aussi la ville qui a la plus grande part de déplacements maison-travail et maison-école effectués en transports en commun. Mais aussi la première ville en nombre de déplacements en bateau et la seconde qui dépend le moins de la voiture. Cela illustre bien la complexité des facteurs et des lectures concernant la contribution de la mobilité urbaine aux changements climatiques.
Les calculs, prenant en compte les modes de transport, les quantités de CO2 libérées et les durées moyennes des déplacements, montrent que, chaque fois que les travailleurs et étudiants du pays sortent de chez eux, près de 6.100 tonnes de CO2 sont émises. Ces déplacement dits pendulaires – qui n’incluent pas une série de déplacements urbains tels que les camions, les taxis, les voitures de services, les avions ou les bateaux– représentent un quart des émissions de transports au Portugal.
La part des travailleurs et étudiants qui dépendent des transports en commun est passée de 25% à 20% depuis 2001. La marche a également moins d’adeptes (16% contre 25% en 2001). Mais la voiture est passée de 46% à 62%. "Ces chiffres au Portugal montrent une réalité déjà connue dans le reste de l’Europe", affirme João Vieira, président de Transport & Environment, une plateforme non-gouvernementale européenne qui prône une mobilité durable.
La durée des déplacements compte aussi
Les émissions par km et les émissions par déplacement sont deux indicateurs parfois contradictoires. Par exemple, Seixal et Almada, sur les berges Sud du Tejo, ont des émissions par km parmi les plus basses (113 et 116 g/km), mais parmi les plus élevées par déplacement (1385 et 1325 g/voyage). Leur dépendance vis-à-vis de la voiture est en-dessous de la moyenne (51% et 49%) et elles sont parmi les meilleures en transports publics (33%). Mais elles sont pénalisées par la durée moyenne de déplacement (30 et 29 minutes), indiquant que leurs habitants travaillent loin de leur domicile. Ainsi, l’effet de la distance réduit l’impact positif des autres facteurs.
Les grandes villes s’en sortent bien
Les grandes zones urbaines compactes et bien desservies par les transports publics présentent généralement de bons indices. Porto est 39ème sur 308, avec les émissions les plus basses par km (127 g/km). Et se trouve dans la moyenne des émissions par déplacement (909 g/voyage). La durée moyenne de chaque mouvement pendulaire est au niveau de la moyenne nationale (20 minutes). C’est 3 minutes de moins que Lisbonne, dont les émissions par km sont même inférieures (120 g/km), mais les distances supérieures, entrainant un CO2 par déplacement plus élevé (1004 g/voyage).
La 1ère place revient à Corvo, aux Açores. De ses 259 travailleurs et étudiants, 181 se déplacent à pied (70%). C’est suffisant pour faire de la petite île – de 6 km de long sur 4 km de large – la moins polluante en CO2 pour les déplacements pendulaires (111 g/km et 186 g/voyage).
Cependant, ces donnée du Censo ne disent pas tout. Des spécialistes en transports rappellent que les citoyens font aussi leurs courses, vont au cinéma, chez le médecin, au football, chez des amis. "A Lisbonne, les déplacements obligatoires représentent environ 60% du total", affirme Fernando Nunes da Silva, conseiller municipal de Lisbonne et chercheur à l’Institut Supérieur Technique et cette mobilité change plus rapidement que les données démographiques.
Rentrer dans le détail
Certaines villes se sont penchées sur les détails. A Almada, une enquête a été réalisée en 2006 et sera refaite en 2013. Les résultats serviront notamment à créer le système Flexibus, qui relie des zones résidentielles du centre historique aux pôles commerciaux et fonctionnels de la ville. A Barreiro, une autre étude a permis de connaître le détail des déplacements : 42% pour le travail et 6% pour l’école, 13% pour des services, 11% pour rendre visite à la famille et aux amis, 11% pour les loisirs, 7% pour les courses, 7% pour les repas.
Les champions du vélo sont Murtosa (17% des déplacements), suivi de Ilhavo (10%) et Estarreja (7%). Bien que la moyenne nationale soit faible (0,5%), João Vieira, de Transport & Environment, prévoit une évolution de cette tendance au prochain rapport.