Épisode 2: Adobe, retour à la terre ou maisons du futur?
Série : l’éco-construction, une autre vision de l’habitat
Épisode 2: Adobe, retour à la terre ou maisons du futur?
Qui a dit que l'éco-construction était réservée aux riches ?
Façonnée par l’homme depuis la nuit des temps, la terre reste l’un des matériaux de construction les plus utilisés au monde. Présente en abondance partout sur la planète, ses qualités écologiques et la diversité des techniques qu’elle autorise font d’elle un élément clé de l’habitat du futur.
Des mosquées du Mali aux maisons à colombages européennes, en passant par les pyramides d’adobe du Pérou et les médinas marocaines, la terre crue a permis d’ériger certains des plus vieux bâtiments de l'humanité. Oubliée des architectes après l'avènement des ciments modernes, elle séduit à nouveau les amateurs de maisons écologiques.
Un matériau de choix
Employée sous forme de pisé, de bauge, de torchis ou d’adobe, elle est généralement mélangée à un liant, tel que l’argile, et à des fibres végétales. Ajoutés en proportions variables, ces ingrédients lui confèrent d’excellentes qualités mécaniques et lui permettent de résister à l’épreuve du temps.
Simplement constituées de terre crue, de paille et d’eau, les briques d’adobe représentent encore un matériau de choix dans de nombreuses régions arides d’Afrique et d’Amérique du Sud.
Grâce à leur épaisseur et à leur densité, les murs d’adobe procurent de la fraîcheur en été. Ils protègent efficacement contre les variations de température extrêmes des climats désertiques. La terre constitue souvent l’unique alternative dans les zones dépourvues de forêts, et donc de bois de construction.
Une inertie augmentée
L’importante inertie de la terre crue permet également d’emmagasiner la chaleur en hiver, puis de la restituer lentement sous forme de rayonnement. Dans les écoconstructions composées de matériaux légers, il n’est pas rare d’ajouter un mur d’adobe ou de briques de terre compressée (son équivalent moderne) derrière une cheminée ou une fenêtre exposée au soleil. Cela permet d’augmenter l’inertie du bâtiment.
La terre crue est perméable à la vapeur d’eau. Cela lui confère un important pouvoir de régulation de l’hygrométrie à l’intérieur de la maison, facteur indispensable au bien-être de ses occupants.
Fréquemment combinée à d’autres méthodes de construction comme les maisons en paille ou à ossature bois, l’utilisation de la terre crue est sans cesse remise au goût du jour.
Une solution rapide et durable
En témoignent les célèbres éco-dômes de Nader Khalili, réputés pour leurs propriétés anti-sismiques exceptionnelles. Ils illustrent le renouveau de ce savoir-faire millénaire. Véritable visionnaire pour ses disciples, cet architecte américain d’origine iranienne a développé une technique baptisée Superadobe.
Cette technique consiste à empiler des sacs de terre ou de sable qu’un simple fil de fer barbelé suffit à maintenir. Les igloos ainsi formés sont ensuite brûlés de l’intérieur pour acquérir plus de solidité. Ils offrent une solution rapide et durable au problème de relogement en zone sinistrée.
Matériau naturel et disponible in-situ, la terre crue n’implique aucun transport ou processus de transformation coûteux en énergie. Que ce soit au moment de la construction ou de la démolition. Sa mise en œuvre nécessite toutefois une main d’œuvre nombreuse. C’est pourquoi elle est généralement réservée à des sociétés, où les tâches de construction s’effectuent de manière communautaire.