Depuis quelques années, la valorisation de l'urine humaine comme fertilisant revient en force, et quelques initiatives pour structurer une filière commencent à voir le jour, comme celle de Michael Roes, qui étudie ce sujet depuis plusieurs années.
Il a déjà lancé une première entreprise d'engrais biologiques en 2016, MR Organics et c'est en février dernier qu'il a démarré avec deux autres associés une nouvelle start up, Toopi Organics, à Langon (Gironde), afin de valoriser l’urine humaine.
L'entreprise a remporté un prix de 65.000 euros de la Fabrique Aviva (initiative de mécénat de l’assureur Aviva France) dans la catégorie environnement et transition énergétique.
Utiliser toutes les ressources naturelles disponibles
Michael Roes explique que l'objectif est de créer une filière alternative au tout-à-l’égout afin de mettre en valeur l’urine humaine en l'utilisant notamment comme fertilisant agricole. Dans le tout-à-l’égout, l'urine pose de sérieux problèmes pour les stations d’épuration et concerne plus globalement la gestion durable de la ressource en eau. En effet, la teneur en azote et micropolluants de l’urine est à l'origine de développement d’algues.
Pour Michael Roses, il s'agit d'un non-sens de se débarrasser de l’urine dans l’eau potable, puisque cela consomme et pollue l’eau. Alors que dans l’urine, on peut trouver tout ce dont on a besoin pour l’agriculture, que ce soit l'azote, le phosphore et le potassium, qui représente le triptyque NPK essentiel à la fertilisation.
Il insiste donc sur leur priorité qui a été de lancer un projet proposant une solution viable pour les agriculteurs.
Plus efficaces que les produits minéraux
Normalement, plusieurs produits devraient voir le jour. Tout d'abord, ils vont fabriquer un stimulateur de croissance afin d'augmenter les rendements agricoles, en remplacement des produits minéraux. Le patron de la start up détaille qu'ils ont effectué des essais concluants avec l’Inra, l'Institut national de la recherche agronomique et aussi avec la chambre d’agriculture. Ces deux études ont été entreprises par l’écoleBordeaux Sciences Agro et l’Inra, elles ont prouvé que le bio stimulant produit par Toopi est plus efficace que les engrais minéraux conventionnels. En effet, cela représente 60 à 110 % de biomasse en plus selon l’étude de Bordeaux Sciences Agro.
Ils travaillent également sur un fongicide agricole, et aussi sur la fabrication de biomolécules pour, entre autres, l’industrie pharmaceutique. Michael Roses et ses équipes font pousser des bactéries sur l’urine, ce qui va permettre d'obtenir des molécules très demandées par ces industriels.
Il faut récolter l'urine
Ils récupèrent l'urine, auprès de loueurs de toilettes sèches, ainsi que dans les laboratoires d'analyses médicales. Pour le moment cela représente 20 millions de litres d'urine. Cependant l'objectif est de récupérer 10 à 20% de l'urine totale française qui représente 30 milliards de litres.
Pour ce faire, ils veulent mettre en place une véritable filière alternative au tout-à-l’égout, grâce à de gros collecteurs qui permettent la séparation de l’urine à la source, et à des unités de transformation sur place.
Il faudra tout de même d'abord obtenir une autorisation de mise sur le marché du produit. Ce qui est attendu pour 2020.