Dans le cadre d'un dossier consacré à la nouvelle réglementation Environnementale (RE2018) qui se profile, Green et vert vous aide à y voir plus clair. D'où vient cet engouement pour la construction de bâtiments à énergie positive ? En quoi le secteur du bâtiment se retrouve directement impacté par les différentes réglementations ? Comment amener le particulier à voir son logement différemment ? Toutes les réponses dans notre dossier.
Le parc immobilier est le premier consommateur d'énergie en France (45,1% de la consommation finale énergétique en 2014) et le 2e émetteur de gaz à effet de serre (17,7% des émissions françaises en 2012). Aussi, dans l’effort de réduction des émissions de CO2, la France a mis en place, au cours des années 2000, un système de régulation de la consommation énergétique des bâtiments. A force d’accumulations, ce système, dont les exigences sont régulièrement mises à jour, comporte néanmoins des contradictions.
La maîtrise de la consommation énergétique est devenue un enjeu majeur dans les efforts pour réduire l’emprunte carbone de l’activité humaine sur l’environnement. Elle suppose notamment de limiter la consommation des logements, qui représente 42,5 % de l’énergie finale totale et génère 23 % des émissions de gaz à effet de serre.
Aussi, en application de la directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments, la RT 2000, dite RT thermique à l’époque – est venue fixer une limite maximale à la consommation énergétique des bâtiments neufs pour le chauffage, la ventilation, la climatisation, la production d’eau chaude sanitaire et l'éclairage dès lors que leur température d’utilisation est supérieure à 12°C.
RT2005 : le début des distinctions
La RT2005 vient renforcer ce texte. Elle instaure en effet des performances requises en matière de consommation d’énergie inférieures de 15 à 20 % par rapport à la réglementation précédente. Cette fourchette s’explique par une répartition de la France en « zones climatiques » faisant varier ce plafond. De plus, les énergies primaires ou fossiles (gaz, fioul, bois) sont traités différemment des énergies dites secondaires (électricité).
Concrètement, la consommation d’un logement chauffé au fioul ou au gaz ne doit pas dépasser 80 kWh/m2/an en zone climatique H3 (midi méditerranéen), 110 kWh/m2 en zone H2 (Ouest et Sud-Ouest), et 130 kWh/m2 en H1 (Nord, est et centre). Lorsque l'énergie utilisée est l'électricité, ces plafonds de consommation passent respectivement à 50 kWh/m2/an en zone climatique H3, 74 kWh/m2 en zone H2 et 97 kWh/m2 en H1.
RT2012 : des réductions drastiques du seuil de consommation
En 2007, l'article 4 de la loi Grenelle 1 – issue des conclusions des tables rondes du Grenelle de l'Environnement – a mis à jour ce système, servant de base à la RT2012. Celle-ci a pour objectif de réduire à peu près par trois la consommation d'énergie primaire des bâtiments neufs – pour atteindre une moyenne de 50 kWhEP/(m2/an).
Pour rappel, l'énergie primaire est une énergie disponible dans la nature (pétrole, gaz, biomasse, solaire, vent…), avant d’être, ou pas (le gaz peut être consommé comme tel, mais aussi transformé), transformée en énergie secondaire (électricité, chaleur, etc.). Dans le cas d’un appartement d’une surface habitable de 60m ², par exemple, la consommation d'énergie ne devra pas dépasser (60x50 =) 3000 kWh à l’année – ce qui correspond à 0,25 tonnes de pétrole, soit environ 2 barils.
Depuis le 1er janvier 2013, la loi s’applique aux constructions neuves et aux extensions de plus de 30 % de la surface existante. En cas de rénovation, par défaut, c’est la RT 2005 qui s’applique tant aux bâtiments tertiaires qu’aux bâtiments résidentiels (hors bâtiments situés dans les DOM).
RE2018 : vers une inclusion des énergies grises
Malgré l’ambition de ces deux textes, ils ne sont pas totalement à même de déterminer l’empreinte et l’impact carbone d’un bâtiment (en kg CO2/m2) – de sa construction à sa destruction. Ces manques seront comblés par la loi sur la Transition Energétique, qui a posé le socle pour la future la RE2018.
En outre, la RE2018 s’appuie sur le label « Bepos », et le concept du bâtiment à énergie positive. L’objectif est qu’un bâtiment puisse produire davantage d’énergie qu’il n’en consomme sur l’ensemble de son cycle de vie (estimé à 50 ans). Il aura alors une dépense inférieure à 0 kWh/m²/an - et on parlera d’autonomie énergétique.
Un coefficient qui remet en question la place de l’électricité
Si le dynamisme de la réforme de la consommation énergétique des logements est admirable, il souffre depuis la RT2005 d’un effet pervers – notamment en ce qui concerne la différenciation entre les énergies primaires et secondaires. L’impact de ces dernières est en effet ramené à la quantité d’énergies primaires utilisées pour leur production. Ainsi, une énergie primaire a un coefficient de 1.
Pour l’électricité, le coefficient qui permet de passer de l’énergie primaire, à l’énergie secondaire est de 2.58. Autrement dit, il faut 2.58 kWh d’énergie primaire pour récupérer 1 kWh d’électricité. Ce taux a toujours été maintenu malgré les évolutions des réglementations devenant réellement problématique qu'avec la RT2012 et la mise en place d'une valeur fixe de consommation maximale.
A l’heure actuelle, le système favorise donc les énergies fossiles, très émettrices en CO2. C'est d’autant plus paradoxal que la RE2018 vise tout particulièrement à réduire l’impact carbone des constructions. Lors de l’entrée en vigueur du texte, en 2020, le mix énergétique de la France aura encore progressé (avec au moins 20 % d’énergies renouvelables) et pourtant la réglementation continue à favoriser les énergies fossiles... Combien de temps encore, ce coefficient affecté à l'électricité pourra-t-il demeurer en l'état ?
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