Interdictions de circuler, critiques venant des piétons et des automobilistes, appel au respect de normes techniques aberrantes,… le vélo électrique traverse une période difficile. Le début de la fin pour la réussite environnementale chinoise ?
Le début de la fin pour le vélo électrique?
Interdictions de circuler, critiques venant des piétons et des automobilistes, appel au respect de normes techniques aberrantes,… le vélo électrique traverse une période difficile. Le début de la fin pour la réussite environnementale chinoise ?
La Chine compte 120 millions de vélos électriques. Quelques pas dans n’importe quelle ville chinoise suffisent pour prouver au voyageur comme ce moyen de transport relativement propre est répandu. Mais cela va peut-être changer.
C’est Shenzhen qui a lancé les hostilités. Du 6 juin au 5 décembre, les vélos électriques seront interdits dans la ville. Si aucune référence n’y est faite dans le texte réglementaire, il est clair pour tout le monde que la cause de cette interdiction vient des Universiades qui vont se dérouler en fin d’année. Ce qui inquiète, c’est que la loi pourrait être prolongée sine die.
Pas soutenu par le public
En effet, les réactions des autres usagers de la route vont dans le même sens. Un chauffeur de taxi donne son point de vue, que partage nombre de ses concitoyens :
Les vélos électriques vont trop vite, ils ont des freins minables, les conducteurs n’ont aucune conscience du danger : c’est une vrai calamité et un danger public.
Ni Jie, propriétaire d’une société qui produit des vélos électriques, est inquiet :
On a fait une étude détaillée, et il s’avère que le vélo électrique est le moyen de transport que le public apprécie le moins. Pour les utilisateurs, rouler sur le trottoir, renverser des enfants, traverser inconsciemment les rues, tout est possible. Ça pose problème.
Le vélo électrique n’a pas besoin de plaque d’immatriculation et ne nécessite pas de permis pour le conduire. C’est sans doute pourquoi les normes techniques sont si strictes. La règle nationale impose une limitation à 20 km/h et un poids inférieur à 40 kg.
Les constructeurs se sont pliés à la loi. Ils ont installé des limiteurs de vitesse. Mais ils sont trop facilement démontables. En ce qui concerne le poids, on était dans les cordes jusqu’à 2002. Depuis, les exigences d’augmentation de l’autonomie ont conduit à augmenter le poids des batteries. Impossible d’être sous 40 kg. Dans ces conditions, 90% des vélos sur le marché sont non réglementaires.
Ni Jie s'en accomode, mais peut-être pas pour longtemps. Car il semble que les gouvernements des grandes villes veuillent faire pression sur la branche pour respecter ces normes. Jusque l'interdiction pure et simple comme à Shenzhen si l’industrie ne se conforme pas.
Roulez, fainéants !
Voilà qui ne va pas arranger les affaires de plusieurs catégories de personnes. Au premier rang desquelles les acteurs de l’industrie du courrier rapide. A Shenzhen, les nombreuses sociétés du secteur s’attendent à des coûts qui explosent et à une démission massive du personnel.
Car les livreurs habitués aux vélos électriques vont devoir (vraiment) pédaler jusqu’à décembre, en plein été tropical. Tout en voyant leur revenu diminuer. Payés à la performance, il sera en effet difficile pour eux de rouler aussi vite qu’auparavant…
Mais surtout, c’est l’environnement qui risque de trinquer. Car ceux qui le peuvent vont se jeter sur les voitures premier prix, dont les constructeurs négligent souvent les normes anti-pollution, par souci d’économies… Dans ce contexte, espérons que le bon sens prévaudra et que les autorités sauront réguler le marché du vélo électrique, ce grand succès chinois !
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