La Chine a fait du développement de la voiture électrique une stratégie nationale. Comme beaucoup d’autres villes, Hangzhou a introduit 30 taxis électriques. Un peu plus de deux mois après, un de ces taxis a brûlé, heureusement sans faire victime.
Petit accident, grave revers pour la voiture électrique?
La Chine a fait du développement de la voiture électrique une stratégie nationale. Comme beaucoup d’autres villes, Hangzhou a introduit 30 taxis électriques. Un peu plus de deux mois après, un de ces taxis a brûlé, heureusement sans faire victime. Mais l’accident remet en cause la vitesse avec laquelle la Chine avance dans le domaine.
Un accident qui enflamme la polémique
Parmi les 30 taxis électriques introduits en janvier, 15 sont de la marque Zotye. Le 11 avril, l’un de ces véhicules s’est enflammé pendant un trajet. Le DG de la marque a répondu prudemment aux journalistes.
Ce n’est pas un problème des systèmes mécaniques, mais très certainement un dysfonctionnement de la batterie. Il faudra toutefois quelques jours supplémentaires pour avoir les résultats de l’enquête.
Mais l’histoire de cette marque même met le doigt sur les faiblesses de la filière. Zotye est en effet une entreprise privée, qui n’a commencé à produire des voitures qu’en 2006. Les véhicules de la marque sont des copies de modèles étrangers, et la technologie propre de la société est très limitée. Qu’elle puisse se lancer sur le créneau du tout électrique est pour le moins étonnant.
La voiture électrique va-t-elle prendre l'eau?
Pourtant, la capitale du Zhejiang comptait ajouter 200 taxis tout électriques parmi les 600 nouveaux taxis prévus pour cette année. Dont la moitié de la marque Zotye. L’histoire risque de ralentir l’ardeur des édiles.
Un cadre de l’association Automobile de Chine explique :
Il y a trois points d’interrogation dans la stratégie nationale de développement des véhicules électriques. Est-ce que nos entreprises sont à la hauteur en termes de technologie ? Est-ce que, finalement, le véhicule électrique est vraiment économique ? Les conditions sont-elles réunies pour un développement à grande échelle de la filière ?
La première et la troisième question sont dans toutes les bouches depuis l’accident de Hangzhou. Mais la seconde, concernant les économies impliquées par la voiture électrique, n’est malheureusement pas encore résolue.
Taxis verts dans le rouge à Shenzhen
Shenzhen, autre ville pilote dans l’introduction du véhicule électrique, a elle aussi ses taxis ‘verts’. Dans cette ville du sud, il y en a 50, et ils sont exploités par la société ‘taxis Pengcheng’. Selon l’un des managers de la société, ils travaillent à perte.
Les modèles que nous avons sont des E6 de la marque locale BYD. Leur autonomie est de 200 km. Aujourd’hui, il y a très peu de stations de recharge, et on ne peut pas systématiquement faire 2 rotations par jour. On n’assure que 8 heures par jour pour un véhicule, ce qui veut dire qu’en tant qu’exploitant de taxis, on se prive de deux tiers de nos revenus. (…) En plus, au niveau des coûts d’opération, on n’est pas forcément dans le vert. En plus du prix de l’électricité, on paye dans les stations de recharge une ‘taxe de service’. En tout on s’en sort pour 2 yuans (environ 21 centimes d’euros) le kW.h. Il faut 30 kW.h pour faire cent kilomètres. L’essence étant subventionnée pour les taxis à 7 yuans par litre (environ 74 centimes d’euros) et les véhicules classiques faisant 9 litres au cent, on s’en sort à 9x7=63 yuans au cent pour un véhicule thermique, et 30x2=60 yuans au cent pour l’électrique. L’économie est infime.
Une économie qui deviendra certes plus importante si le pétrole continue d’augmenter et l’efficacité des batteries aussi. Mais pour le succès de l’électrique, il faudra avant tout assurer la sécurité absolue des véhicules. Pas si facile vu l’accident de Hangzhou.