Le projet d’adduction d’eau sud-nord est un projet pharaonique du gouvernement chinois. Ses premiers canaux vont permettre à Pékin de passer un été sans pénuries d’eau. Mais les experts voient dans les besoins en eau, sans cesse en progression, des villes du nord ajoutés à …
Le projet d’adduction d’eau ne suffira pas à étancher la soif de Pékin
Le projet d’adduction d’eau sud-nord est un projet pharaonique du gouvernement chinois. Ses premiers canaux vont permettre à Pékin de passer un été sans pénuries d’eau. Mais les experts voient dans les besoins en eau, sans cesse en progression, des villes du nord ajoutés à la sécheresse de la région, une équation bien difficile à résoudre.
Le projet d’adduction sud-nord a été pensé dès les premières années de la république populaire. Constitué de 3 ' routes ', il vise à transférer les eaux du sud du pays vers le nord aride. La première phase de la route centrale a été achevée en 2008. Elle relie Shijiazhuang, capitale de la province du Hebei, à Pékin, sur une distance de 307 km. Fin mai, pour la seconde fois, les vannes ont été ouvertes. Le 4 juin, les premiers flots ont atteint un réservoir du nord-est de la capitale. L’opération devrait durer jusqu’au mois de novembre et fournir 200 millions de mètres cubes à la métropole pékinoise.
Wang Jian, fin connaisseur des problèmes d’approvisionnement en eau, est un ancien membre du bureau de l’environnement de Pékin. Selon lui, les ouvrages de dérivation ne suffiront pas à régler le problème. Problème intarissable, si l’on en croit les chiffres qu’il expose. Les ressources en eau par an et par habitant à Pékin s’élèvent à 210 m3, soit 1/10 de la moyenne nationale et 1/40 de la moyenne mondiale. Depuis la proclamation de la République Populaire de Chine (RPC), la population de la capitale a plus que quadruplé.
Et comme le rappelle très justement M. Wang :
la générosité en eau de mère nature, elle, n’a pas évolué de manière identique…
Il faut donc d’abord s’attaquer à réduire la consommation d’eau. Et les moyens existent, au premier rang desquels l’utilisation des circuits d’eau recyclée. Aujourd’hui, seulement 4% des ménages utilisent de l’eau recyclée. Pourtant, une étude de l’ONG Friends of Nature (voir ici) montre que plus de 63% des pékinois, conscients de l’importance des économies d’eau, souhaitent utiliser de tels systèmes. Autre mesure à laquelle la population semble largement favorable, l’instauration d’un barème de prix progressif pour la consommation d’eau : plus on consomme, plus le m3 revient cher. Selon la même enquête, 81,5% des pékinois y seraient favorables. Cette mesure, évoquée pour la première fois en 2004, n’a pourtant jamais été appliquée, du fait de difficultés matérielles de mise en pratique.