La question a été ouvertement posée au grand public le dimanche 25 novembre 2012 lors de la diffusion de la toute nouvelle émission de France5, Le Vinvinteur.
Internet est-il écolo ?
La question a été ouvertement posée au grand public le dimanche 25 novembre 2012 lors de la diffusion de la toute nouvelle émission de France5, Le Vinvinteur.
Fondateur du portail WebDeveloppementDurable.com, j’ai participé au dossier de l’émission en rejoignant le débat en direct vidéo via Youtube, “Le Vebshow”. Un autre expert du Green-IT, Frédéric Bordage, fut également convié pour échanger sur l’impact d’internet et des nouvelles technologies sur notre environnement. Un ingénieur multimédia et deux autres internautes ont représenté le grand public “non-informé” lors de ces échanges avec l’animateur-TV.
Au delà de l’envie de participer à cette expérience média interactive, il ne faut pas omettre le sujet de fond pour lequel je fus convié. Une heure de discussion ne suffit évidemment pas à cerner les conséquences et les challenges imposés par nos usages ou nos outils numériques.
Non, le web n’est pas écologique !
Dès le départ nous avons posé le constat dégradant du secteur des nouvelles technologies sur notre environnement. Envoyer un mail, effectuer une recherche en ligne, consulter des PDF, publier sur les réseaux sociaux, partager des photos, des musiques et des vidéos, échanger des données en mode “cloud” (espace de stockage numérique disponible via internet) et toutes les autres utilisations pour ne pas les lister exhaustivement, ont toutes un réel impact qui est loin d’être négligeable puisqu’elles utilisent du matériel physique et de l’énergie électrique.
L’impact environnemental du numérique
1 mail de 1 Mo à 2 personnes = 19 g de CO2
soit 1000 km parcourus en voiture si on le rapporte à une année
Les spams polluent autant en 1 an que l’utilisation de 3 millions de voitures
Le secteur du web génère plus d’émission de CO2 par an que le transport aérien
Sur SecondLife, un avatar en ligne consommait autant qu’un Brésilien. Imaginez l’impact aujourd’hui avec les jeux en ligne massivement multijoueurs.
L’époque où il était bon de tout virtualiser au nom d’une conscience écologique est révolue. Aujourd’hui, après 15 années d’internet grand public, nous pouvons prendre un peu de recul. L’usage au quotidien de nos outils digitaux a un coût énergétique et un coût CO2 ; les plus grands acteurs de ce secteur l’ont compris.
Si Google a fait le pari de l’éolien et du solaire, si Yahoo a implanté ses data-centers à proximité des chutes du Niagara, si Facebook a délocalisé ses données dans le nord de l’Europe pour profiter du froid et ainsi mieux refroidir ses serveurs, ce n’est pas anodin. Les géants de l’internet ont conscience et agissent. Prioritairement pour des raisons économiques afin de réduire leur facture d’énergie. Par exemple, Google reçoit chaque seconde 34.000 requêtes : optimiser le temps de calcul d’une requête d’une fraction de micro-seconde se ressentira sur la facture globale d’électricité consommée.
Le grand public, lui, reste ignorant
Il ignore notamment que son envie de renouveler sans cesse son matériel influence la gestion des déchets et raréfie d’autant plus les ressources nécessaires à la fabrication, ressources déjà qualifiées de “terres rares” car arrivant à terme de leur disponibilité planétaire. Il ne se doute pas non plus que les déchets électrotechniques comportent des métaux et des composants aux effets désastreux sur l’environnement si ils ne sont pas traités correctement (et ils ne le sont pas !).
Cette incessante envie de renouveau est accrue notamment par des mises à jour technologiques qui ralentissent à terme la performance de ses équipements. Son besoin est encore plus renforcé par les slogans marketing dont il s’abreuve involontairement à longueur de temps.
L’émission TV de France5 a permis d’insister sur le facteur le plus important en termes d’impact écologique : celui de la fabrication de nos matériels.
Les solutions ?
Du côté des hébergeurs de données, il existe des solutions d’optimisation du matériel : le choix de l’efficience énergétique des serveurs est primordial afin de s’assurer que l’énergie électrique sert à effectuer prioritairement des calculs au lieu de faire fonctionner des ventilateurs de refroidissement. D’autres solutions sont possibles dans la gestion des flux d’air (chaud/froid), de la traçabilité verte de source énergétique, de la consommation globale.
Du côté des professionnels de la conception web, les passerelles d’action empruntent automatiquement la prise en compte de la performance web : optimisation du code, des requêtes front/back, du poids des images et des données, du parcours utilisateur.
Du côté enfin du public et des internautes, des leviers sont envisageables. Ne pas jouer le jeu de l’obsolescence programmée, conserver son matériel le plus longtemps possible, donner, réparer, adapter son équipement au besoin... Pour l’utilisation quotidienne, j’ai tenté de fournir durant le live-vidéo quelques pistes d’actions concrètes et simples qui peuvent être appliquées immédiatement.
Quelques suggestions, mais du bon sens avant tout
N’oublions pas que le web est aussi une source pour le développement durable : les sites collaboratifs de co-voiturage, d’échange de biens, ou d’information citoyenne contribuent à la prise de conscience. Le vebshow n°7 sert cette sensibilisation. Le portail WebDeveloppementDurable.com pareillement.
Christophe Clouzeau