La ville de Toronto devient la première grande ville au Canada à bannir l’utilisation et la vente des sacs plastiques dans les magasins.
Plus de sacs plastiques à Toronto, même payants !
La ville de Toronto devient la première grande ville au Canada à bannir l’utilisation et la vente des sacs plastiques dans les magasins.
Un changement de cap radical
Après les frais de 5 centimes par sacs imposés aux clients, le conseil municipal a pris la décision d’interdire complètement la distribution de sacs plastiques dans les magasins de la ville. Une initiative surprenante pour le maire de Toronto, Rob Ford qui voulait pour sa part supprimer ces frais. Le conseil a appuyé la décision du maire mais il a aussi voté une motion de dernière minute. La ville sera débarrassée de tous les sacs à partir du 1er janvier 2013. Rob Ford a déclaré après le vote:
« Ce n'est pas un choix judicieux. Je ne pense pas que la mesure tiendra devant les tribunaux. Vous ne pouvez pas imposer aux personnes de ne plus donner de sacs plastiques. Pour moi, c'est ridicule. »
Pour Marion Axmith, porte-parole de l’Association canadienne de l’industrie des plastiques (ACIP), cette décision ferait disparaître des emplois à Toronto et l'industrie mettra en œuvre toutes les options de recours possibles.
De l'autre côté, Emily Alfred de la Toronto Environmental Alliance soutient que l'interdiction est un signe que la ville veut aller de l’avant:
« Elle envoie un signal clair que la ville de Toronto veut être un chef de file dans le secteur de l'environnement. »
Les commerçants, quant à eux, ont été pris par surprise. Ce changement les obligera à débourser plus pour fournir des sacs en papier mais aussi en prévision de certaines ventes perdues si les acheteurs décident de repartir les mains vides, sans vouloir acheter un sac réutilisable pour leurs achats.
Le début d’une guerre juridique ?
Après Seattle et Los Angeles aux États-Unis, Toronto devient la première grande ville du Canada à adopter une réglementation plus stricte en matière de sacs plastiques.
Mais dans le cas de la première ville économique canadienne, il n'est pas certain que la ville a la compétence juridique pour adopter une telle interdiction.
Le conseiller Doug Ford, frère du maire, a conseillé les consommateurs et l'industrie des matières plastiques à envisager des options juridiques :
« C'est le sujet le plus ridicule qui n'a jamais été traité. Selon moi, nous avons à faire à un tas de radicaux, socialistes, et gauchistes. »
Mais un autre expert juridique estime que la ville pourrait bien être en droit de faire appliquer cette interdiction. Pour M. John Mascarin, avocat de la ville chez Aird and Berlis, si la Loi de 2006 sur la cité de Toronto ne dit pas spécifiquement si la ville détient cette compétence, elle précise que « la ville possède par les vastes pouvoirs de la législation en vigueur, le droit de faire toutes sortes de programmes dans l'intérêt public », y compris de travailler à l’amélioration de l’environnement et du bien-être de la ville.
Loblaw Cos Ltd, le plus grand supermarché du pays, va se plier au règlement, selon les déclarations de sa porte-parole Julija Hunter. Elle ne s’est pas prononcée sur les conséquences du changement pour l’entreprise. Mais elle a noté que les clients de Loblaw sont déjà habitués aux magasins sans sacs. Le supermarché a été l’un des premiers à supprimer les sacs plastiques en 2007, exigeant de ses clients d'apporter des sacs réutilisables ou des boîtes pour emballer leurs produits d'épicerie.
Entre mesure progressive pour les uns et frustrations profondes pour les autres, le pavé est jeté dans la marre.