Un champignon réussirait à casser des chaines de polyuréthane même sans oxygène. Soit dans des conditions similaires à celle des décharges sanitaires.
Un champignon mangeur de plastique
Un champignon réussirait à casser des chaines de polyuréthane même sans oxygène. Soit dans des conditions similaires à celle des décharges sanitaires.
Des chercheurs américains ont découvert en Amazonie un champignon capable de dégrader du polyuréthane. C'est un type de polymère très utilisé dans la fabrication de mousses de plastique, d’adhésifs et de peintures. Leur étude, publiée dans la Revue Applied and Environmental Microbiology, peut conduire à de nouvelles stratégies innovantes réduisant l’impact environnemental des plastiques.
Les écologistes soutiennent que les plastiques mettent très longtemps à se décomposer dans la nature. Le polyéthylène, par exemple, met près de 50 ans. Le PET, servant à produire les bouteilles plastiques, reste jusqu’à 200 ans dans l’environnement. Les champignons et les bactéries n’ont pas encore développé un arsenal d’enzymes suffisant pour dégrader les longues chaines synthétiques de carbone, hydrogène et autres éléments de composition des plastiques.
Des recherches scientifiques
D’où la nécessité de recherches et d’actions pour remédier au problème. L’accord du gouvernement de l’État de São Paulo et de l’Association Pauliste de Supermarchés (Apas), vise à bannir la distribution des sacs plastiques dans les supermarchés. Il prend effet le 3 avril 2012, après une période d’adaptation. Celle-ci dure 60 jours pour prévenir et éduquer les consommateurs à de nouveaux gestes d’emballage aux caisses. Ceci permettra de diminuer les 2,4 millions de sacs distribués mensuellement, et qui mettent au moins 40 ans à se décomposer.
La découverte d’organismes capables de dégrader le plastique dans les décharges aiderait à réduire les temps de décomposition. Soit les dommages subis par l’environnement.
Deux souches de Pestalotiopsis microspora, découvertes par des étudiants américains de l’Université de Yale, ont révélé un énorme potentiel de dégradation de polyuréthane. L’étudiant Jonathan Russell a identifié l’enzyme secrète du champignon responsable de l’affaiblissement des liens chimiques du polymère.
Une découverte insolite
La recherche a fait une deuxième découverte insolite: l’enzyme fonctionne aussi bien en l’absence d’oxygène, un fait inattendu pour les scientifiques. Le champignon pourrait fonctionner dans les décharges sanitaires. Lieu où une grosse couche de déchets et de terre recouvre généralement les plastiques jetés. Cela diminue l’oxygénation et complique leur décomposition.
La scientifique Sandra Mara Franchetti, de l’Unesp de Rio Claro, réalise également des tests sur des champignons de différentes espèces. Elle compare leur potentiel de biodégradation du plastique. Elle mélange divers types de plastiques – appelés blendes polymériques, notamment des plastiques synthétiques avec des plastiques biodégradables.
Ensuite, nous faisons des tests pour vérifier les propriétés mécaniques du matériau et son potentiel de biodégradation. Notre hypothèse est que le polymère biodégradable peut servir de porte d’entrée aux organismes qui réaliseront la décomposition.
Lucia Durrant de l'Unicamp a aussi réalisé des études sur ce thème:
Il y a peu de chercheurs au Brésil travaillant dans ce domaine car il nécessite des équipements très sophistiqués.
Derval Rosa, de l’Université Fédérale de l’ABC, se montre relativement prudent quant à la concrétisation de ces découvertes:
Nos décharges sont précaires. Peut-être que dans 20 ans nous aurons le niveau de contrôle nécessaire pour appliquer ce type de connaissance.