Un gigantesque parc éolien offshore prévu au large de l’île de Chiloé (sud du Chili) menace les cétacés du Pacifique sud, en particulier la baleine bleue et la baleine franche australe. Des scientifiques du monde entier font pression sur le gouvernement pour qu’il renonce au projet.
La baleine bleue, future victime des éoliennes?
Un gigantesque parc éolien offshore prévu au large de l'île de Chiloé (sud du Chili) menace les cétacés du Pacifique sud, en particulier la baleine bleue et la baleine franche australe. Des scientifiques du monde entier font pression sur le gouvernement pour qu'il renonce au projet.
Après la vive controverse suscitée par la tentative de construction de barrages hydroélectriques en Patagonie, c'est au tour d'un vaste projet de parc éolien offshore de provoquer la colère des Chiliens. L'initiative prévoit la mise en place de 56 aérogénérateurs d'une puissance de 2 MW chacun, capables de produire jusqu'à 112 mégawatts. Hautes de 128 mètres, les éoliennes seraient dispersées sur une zone de 1000 ha située à l'ouest de la commune d’Ancud, sur l’île de Chiloé.
Mais la population locale dénonce des études d'impact environnemental bâclées et refuse de voir s’installer ce nouveau centre de production d’électricité au large de ses côtes. Diverses associations civiles, soutenues par des experts internationaux, estiment en effet que le projet aura des conséquences négatives pour la faune, le patrimoine culturel, l’emploi et la qualité de vie des communautés autochtones.
La pêche, l’exploitation des fruits de mer et l’écotourisme comptent en effet parmi les principales activités économiques de l’île et pourraient être fortement perturbées par les travaux de terrassement sous-marin, qui entraîneront le déplacement de grandes quantités de matériaux vers les plages.
Collisions et pollution sonore
Les défenseurs de l’environnement s’inquiètent quant à eux des conséquences que la construction des éoliennes pourrait avoir sur la biodiversité locale et ont fait parvenir au président chilien une lettre signée par des scientifiques du monde entier le 14 octobre 2011.
Bárbara Galleti, du Centre de préservation des cétacés du Chili, explique que la zone maritime concernée abrite chaque été la plus grande concentration de baleines bleues de l'hémisphère sud. Ces eaux sont également visitées au printemps par des baleines franches australes et leurs petits, et habitées tout au long de l’année par des groupes de dauphins de Peale. Dans la lettre adressée à Sebastián Piñera, 43 scientifiques affirment :
Le projet et l’infrastructure associée, comme la construction d’un embarcadère, pourraient avoir des conséquences négatives pour les mammifères marins. Notamment un déplacement de l’habitat, une augmentation des collisions de grandes embarcations avec des baleines et une interférence dans la communication et les habitudes alimentaires due à la pollution sonore.
Le gouvernement, par la voix de la ministre de l'Environnement María Ignacia Benítez, manifeste de son côté sa volonté de développer les énergies renouvelables non conventionnelles et se désole du refus systématique par les populations locales de tous les projets proposés, malgré les besoins énergétiques croissants du pays. Des arguments qui n’ont pas réussi à entamer la détermination des différentes organisations sociales et environnementales, toujours farouchement opposées à la construction d’un parc éolien au large de l’île de Chiloé.