A l’occasion de l’ouverture de la conférence de Durban, étape annuelle dans les négociations climatiques internationales, Emmanuel Guérin, directeur du programme Climat à l’Institut du développement durable et des relations internationales, en décrypte les enjeux pour notre partenaire 20 Minutes.
“Les politiques climatiques sont un pari dans lequel nous sommes tous engagés”
La conférence de Durban (Afrique du Sud), étape annuelle dans les négociations climatiques internationales, s'ouvre aujourd'hui. Après la déception de Copenhague en 2009, les sommets de la convention des Nations Unies sur le climat ne suscitent plus autant d’espoir chez les militants écologistes, et dans la population inquiète du réchauffement climatique. Pourtant, ils restent très utiles, selon Emmanuel Guérin, directeur du programme Climat à l’IDDRI (Institut du développement durable et des relations internationales), qui décrypte pour 20 Minutes les enjeux du sommet de Durban.
Qu’est-ce qui sera en jeu lors du sommet de Durban?
Le principal enjeu est la nature juridique de l’accord final sur le climat, contraignant ou pas, et la seconde période d’engagement du protocole de Kyoto. Le protocole peut survivre ou disparaitre, mais une solution intermédiaire serait de le vider de sa substance, c’est-à-dire de ne pas mettre d’engagement chiffré dans cette seconde période en faisant subsister l’ensemble de ses règles et mécanismes. Ce serait une solution temporaire pour construire à terme un accord juridiquement contraignant et global.
Quels blocs de pays sont en désaccord?
Les négociations vont surtout se jouer autour de trois catégories de pays : d’une part les pays développés et d’autre part les pays émergents et les pays les moins avancés, qui ont des divergences croissantes. Le sommet étant en Afrique du Sud, ce sera intéressant de voir comment le groupe africain se situe et s’il fait pression exclusivement sur l’Europe ou aussi sur les pays émergents pour qu’ils acceptent de faire certains compromis. La France défendra les positions européennes même si elle a fait entendre une petite musique légèrement différente : elle a montré plus d’allant que certains pays pour une seconde période d’engagement dans le protocole de Kyoto.
Quelle issue peut-on attendre de ce sommet? Sert-il vraiment à quelque chose?
Ce sera un double jeu de décisions, certaines sur le protocole de Kyoto et d’autres sur la convention climat qui devront aller suffisamment loin pour aboutir à un futur accord global. En dépit de la déception qu’on peut avoir en lisant les communiqués finaux, nous avons vraiment besoin de ces sommets, car il faut un lieu où on se rassure sur le fait que les politiques climatiques et la réduction des émissions de gaz à effet de serre est un pari dans lequel on est engagé collectivement. Nous avons énormément besoin d’actions ambitieuses sur le terrain, de la part des pays, des collectivités territoriales ou des entreprises, qui devancent souvent les négociations internationales, mais ces sommets permettent de ne pas se sentir isolé.